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A Verbier, Leonidas Kavakos le magicien

Une note. Une seule note. Il a suffit d'une seule note de violon. Une seule note de pour que soudain l'atmosphère se transforme en une immense émotion. Cette toute première note du concerto de Korngold, avec quel toucher, avec quelle intensité, est-elle jouée. Et pourtant, elle n'a rien de particulièrement brillant, rien de clinquant. Mais elle n'est que pureté, tirée du violon dans sa plus extrême simplicité. Aucun maniérisme dans le jeu de Kavakos. Il est là. Entièrement dévoué à la musique. Curieuse impression que celle que ce soliste révèle. Il se tient debout, au trois quart planté devant l'orchestre. Il est comme absent de ce qui s'y passe. Comme si son monde était ailleurs. Et pourtant, il est dans la musique, dans l'orchestre. A lui seul, il est une autre section, un autre pupitre.

Et ce son. Un son puissant qui pourtant semble sortir de l'instrument sans effort aucun. Kavakos paraît laisser l'archet guider sa musique. Il le regarde monter et descendre comme s'il n'était pas le moteur de ce mouvement. Moments magiques, moments habités, instants d'authenticité musicale, d'intensité émotionnelle comme il est rare d'en entendre.

Au pupitre, le chef allemand reste penché au-dessus de son pupitre, les bras écartés, tendus vers l'orchestre, les balançant lentement de gauche à droite, imprimant à l'orchestre un tapis d'harmonies pour y recevoir les accents du violon de . Instants de communion où personne ne regarde personne mais où tous se retrouvent en symbiose. Aérien, puis soudain fulgurant, le violoniste grec dicte les intensités sonores de l'orchestre. Il suspend la musique. On est accroché à son jeu, à son coup d'archet, à sa sonorité, à la plénitude, à la simplicité qu'il imprime  son interprétation.

Tel un magicien, fait apparaître des couleurs, des images, des contes dans sa musique. Enfermant son auditoire dans un indescriptible rêve, il touche à l'âme. On se prend à se questionner sur la nature de son violon, sur l'esprit qui l'habite, sur le son qu'il émet, sur la personne qui le touche, le frôle, l'enveloppe. Décidément, le violoniste grec marque la musique de son empreinte.

En introduction, l'ouverture de La Chauve-Souris interprétée avec un esprit viennois enjoué, donne la mesure de l'excellence du . Ultime concert du festival 2012, on sent chez les musiciens une volonté de briller encore une fois avant la séparation de ces lieux privilégiés. Deux semaines intenses pendant lesquelles, ces jeunes musiciens ont pu côtoyer chefs et solistes de renommée.

En seconde partie, c'est le monument symphonique de la Symphonie n°4 de Brahms qui occupera la scène. Peut-être que la prestation de Leonidas Kavakos a-t-elle emmagasiné tout le potentiel émotionnel de votre serviteur, reste que son interprétation est apparue dénuée d'authenticité. Tout y était bien joué, certes, mais dans une espèce de grosse pâte musicale sans consistance. On se prenait même à compter les pots d'orchidées qui bordaient la scène.

Crédit photographique : Leonidas Kavakos © Aline Paley

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