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Prades et les jeunes talents

Sélim Mazari, né en 1992, ouvre le bal avec un captivant Toccata de Prokofiev qui montre son sens aigu du rythme. Il revient vers la fin pour former un duo avec l'époustouflant violoncelliste (2e prix au concours Tchaïkovski à 17 ans, en 2011), qui met l'accent sur son incontestable virtuosité dans les Variations sur la corde de la de Paganini. La flûtiste Mathilde Calderini fascine avec une extraordinaire fluidité dans son interprétation élégante de Syrinx de Debussy et de la Fantaisie de . , lauréate du dernier concours Jacques Thibaud, domine la scène avec son incroyable présence et assurance dans les Trois Caprices de . Côté voix aussi, ce ne sont que des régals. Le baryton , formidable comédien, suscite un grand enthousiasme de l'auditoire avec deux pièces, dont l'air de Figaro « They wish they could kille me… » extrait de The Ghosts of Versailles de . Le timbre chaud et luisant, enrichi d'une note dramatique (il chante un air d'Eléazar de La Juive d'Halévy et celui de Ruggero de La Rondine de Puccini), du ténor , qui fait même penser de temps à autre la voix de Pavarotti, compense très largement une certaine ambiguïté de diction. La dernière de ce grand défilé musical, la soprano (qui va intégrer la troupe de l'Opéra-Comique pour la saison 2012-2013), étonne par sa clarté et sa précision minutieuse dans un air d'Amadis de Gaulle de Haendel ainsi que par une grande aisance, surtout en termes de vocalises, dans « Ombre légère » du Pardon de Ploërmel de Meyerbeer. Des caractères et tempéraments différents, mais ces musiciens prendront, nous l'espérons vivement, le flambeau sur la scène internationale.

Le samedi 4 août en fin de l'après-midi, dans la salle de Foirail, c'est une pause musicale intitulée « le festival s'amuse » qui réunit des œuvres plaisantes et nous amuse, effectivement : le Quatuor « La Plaisanterie » de Haydn, Duo avec deux lunettes obligées pour alto et violoncelle de Beethoven, Bataille de Prague – Grand duo pour beignet aux prunes et tarte à la crème de Mendelssohn, et Amusement pathétique pour violon et quatuor de Donizetti.

Mais dans la soirée, consacrée à Beethoven (Quatuor n° 4 avec piano, Sonate n° 3 pour violoncelle et piano, Septuor pour vents et cordes) et à Debussy (Sonate n° 1 pour violoncelle et piano), à l'Abbaye Saint-Michel de Cuxa, c'est notamment la performance de dans les deux Sonates qui nous fait retenir le souffle. A la fois violemment barbare et tendrement délicat, l'archet danse librement sur les quatre cordes du violoncelle, dans une maîtrise parfaite mais sans pour autant perdre de toute sa spontanéité. Une musicalité qui semble avoir atteint sa pleine maturité, mais l'artiste ne cesse d'évoluer, donc, gare à son immense talent ! Il doit nous réserver encore des surprises, de vraies surprises !

Crédit photographique : © Nemo Perier Stefanovitch

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