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Cecilia Bartoli manque sa mission

Depuis quelques années, réserve à son public une rentrée de saison toujours surprenante.

Ses concerts sont précédés d'un album où se confrontent le mystère et l'enthousiasme de la diva. De ses passions, de ses découvertes, on se souvient des merveilleux albums dédiés à Vivaldi, de celui qu'elle voua à La Malibran, de l'époustouflant « Opera Prohibita » (Clef ResMusica) accouché dans le plus grand secret.

Pour cet album « Mission », la mise en scène de sa sortie s'est accompagnée d'une campagne publicitaire tournant autour d'un mystère total. Qu'allait être le nouvel opus de la cantatrice romaine ? Avec quelle nouvelle découverte allait-elle surprendre son public ? Certes, le suspense était total. Le secret bien gardé. Tout juste avait-on appris par la bande que « préparait un truc avec Bartoli » sans qu'on puisse en savoir plus. Commercialement, le mystère entretient l'envie. C'est dire que l'arrivée de ce disque était attendue.

Or que découvre-t-on ? Un compositeur inconnu du grand public dont la vie est peuplée d'intrigues de chapelles, d'ambassades vaticanes, d'innombrables voyages, d'aventures mondaines obscures, mais aussi de musique pour une part importante. Une vie intense, décrite dans les pages de l'abondant livret accompagnant l'enregistrement de . Cet Italien vécut la plus grande partie de sa vie en Allemagne, où il se familiarise avec le contrepoint allemand, lequel lui ouvre les portes d'un langage musical qu'on retrouvera chez Händel, Bach ou Telemann. Il devait composer une quinzaine d'opéras qui tous rencontrèrent un grand succès.

Ce disque en dévoile certains extraits qui permettent d'apprécier la qualité de la musique de Steffani. Pourtant, malgré l'enthousiasme chantant de Cecilia Bartoli, ses vocalises stratosphériques, ses exploits techniques, ses phrasés subtils, ses sons filés toujours sublimement interprétés, sa prononciation irréprochable, la sauce ne prend pas.

A qui la faute ? Certainement pas à l'ensemble dont les interventions sont d'une parfaite facture. Pas plus à dont la direction d'orchestre est extrêmement soignée. Ni aux prestations épisodiques de dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles se fondent parfaitement à l'esprit de cette musique et à la voix de la diva romaine.

Alors ? Peut-être qu'à trop vouloir bien faire chacun a, de son côté, tué la spontanéité. Certes les précédents enregistrements nous avaient déjà montré les qualités vocales de Cecila Bartoli. Ce qui avait alors surpris tout le monde dans son aptitude exceptionnelle à affronter les vocalises händeliennes de l'album « Opera Prohibita », puis encore dans son « Sacrificium », deviennent ici comme une marque de fabrique. On aurait aimé que La Bartoli mette son inépuisable talent à créer la nouveauté plutôt qu'à reproduire ce qu'elle sait déjà si bien faire. Sans rien enlever à la qualité musicale de chacun, il faut admettre que Cecilia Bartoli a manqué sa mission.

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