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Fabio Luisi dirige la Symphonie n°6 de Mahler

Alors qu'il passera le témoin des Wiener Symphoniker à Philippe Jordan en 2014, et son orchestre cèdent à l'édition d'enregistrements sous le label de l'orchestre, avec deux symphonies de Mahler, la Première et la Sixième qui nous intéresse plus particulièrement ici. Enregistrée live en 2011 au Musikverein de Vienne, cette longue et puissante symphonie de près d'une heure vingt-cinq minutes vient donc s'ajouter aux nombreuses versions existantes, dont elle ne se détache, ni ne se caractérise, tout en étant très honorable et d'un bon niveau.

Et puisqu'on parle de niveau, restons-y un instant pour dire que notre première écoute aux enceintes nous laissa plus que réservés devant une version quasi exsangue, sans le moindre punch ni vitalité, ce qui est bien le comble pour cette œuvre. Une deuxième écoute au casque avec un niveau remonté nous révéla qu'il n'en était rien, le niveau d'enregistrement était simplement un peu bas, et une fois corrigé les choses rentrent dans l'ordre ou presque, car persiste un léger sentiment d'une dynamique un peu contenue aux extrêmes, mais plus rien de réellement pénalisant.

Du coup le développement de chaque mouvement prend tout son sens une fois la dynamique réveillée et on peut se laisser emporter par la conduite du discours assez bien menée par , en particulier dans les deux mouvements extrêmes, les plus longs et développés de la symphonie. Car le chef ménage ses effets, sait conserver le suspens, ne donne pas tout d'un bloc, varie les climats et le tempo à l'intérieur de ces deux mouvements de 25 et 30 minutes pour conserver l'attention de l'auditeur jusqu'au bout. Il y réussit plutôt bien, à nos oreilles mieux que dans l'Andante moderato et le Scherzo qui nous paraissent manquer d'expression face aux deux monstres qui les entourent et ne pas apporter le contrepoids musical qui leur est dévolu. Le premier n'apporte pas la détente ni l'émotion attendue car trop « premier degré » et le second est cette fois-ci peut-être un peu trop massif. Et l'enchaînement de ces deux mouvements médians crée ainsi une double rupture dans le flux pourtant si dense de cette symphonie, d'une part en mettant une fois de plus l'Andante en II (jusqu'ici personne ne nous a convaincu que c'était une bonne idée, ce disque ne change rien à l'affaire), première rupture de ton, et en obligeant ensuite à changer de disque pour le Scherzo, deuxième rupture. Avouons qu'ainsi articulée cette interprétation fait un peu puzzle désordonné qui manque de continuité.

Au final voilà une version orchestralement très propre avec un fort bon , et deux mouvements très bien conduits, mais qui manque d'atouts majeurs et de continuité pour venir se placer dans le peloton des incontournables où chacun aura déjà ses favoris (voir notre dossier sur la discographie de Mahler).

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