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Raphaël Pichon dirige la Saint Jean de Bach

Ensemble en résidence cette saison au Festival de Saint-Denis, Pygmalion et son jeune chef se produisaient dans la Passion selon saint Jean de Bach, le compositeur que ce dernier affectionne particulièrement et avec lequel il s'est fait connaître du public. Si la Basilique se prête bien au répertoire sacré de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle (Beethoven, Cherubini, Berlioz, Brahms…), il est permit de douter de la pertinence du lieu pour une Passion de Bach avec une bonne quarantaine de musiciens et des voix de solistes plutôt spécialisés dans ce répertoire. Le concert fut néanmoins de bonne tenue à défaut d'être impérissable.

Le grand chœur d'ouverture « Herr, unser Herrscher » donne le ton, on assiste à une interprétation qui ne traine pas, cherchant souvent à faire ressortir l'aspect dansant, le « swing » de Bach (un peu hors de propos à notre goût ici) et s'appuyant sur un riche continuo (viole de gambe, violoncelle, contrebasse, luth, orgue et clavecin). brille par le soin porté à la réalisation, le sens de la respiration, la manière de relancer le discours. Jamais à cours d'imagination dans ses programmes, il ose même insérer dans l'œuvre deux motets a cappella, l'un « O Traurigkeit, O Herzeleid », entre la première et la deuxième partie, l'autre « Ecce quomodo moritur » du slovène Jacobus Gallus, au moment de la mort de Jésus.

Si l'orchestre (dont font partie, excusez du peu, , , Arnaud De Pasquale, …) sonne bien, un chœur à l'effectif plus étoffé et aux couleurs vocales plus affirmées, avec plus de mordant, aurait été apprécié. La même chose peut être reprochée à , Évangeliste à la beauté du timbre indéniable mais qu'on aurait apprécié plus impliqué, expressif. Les autres solistes retenus pour cette production, qu'on a l'habitude d'entendre dans ce répertoire, délivrent des prestations qui ne déméritent pas mais sans véritables surprises, le baryton-basse ayant notre faveur, aussi bien pour son incarnation de Jésus que son interprétation de l'arioso « Betrachte, meine Seel » et de l'aria « Meine teurer Heiland ».

Une Passion selon saint Jean rondement menée, à la tonalité plutôt lumineuse, qui impressionne plus qu'elle n'émeut.

 

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