- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le piano bien tempéré d’Edda Erlendsdóttir

C'est une artiste qui nous vient d'Islande. Née à Reykjavik elle y étudie le piano au Conservatoire national de musique. A Paris (CNSM), elle parfait sa formation dans la classe de Pierre Sancan et auprès de Marie-Françoise Bucquet. Depuis la fin des années 1970 elle donne de nombreux récitals en Europe, aux Etats-Unis et en Chine. Elle se produit comme soliste avec orchestre sous la baguette de chefs renommés et participe à divers festivals. Elle aime particulièrement jouer dans le cadre de la musique de chambre et fonde en 1991 le Festival de Kirkjubæjarklaustur sur son île natale. Elle est membre de l'ensemble Tempo di Tango depuis sa création (1991) dont l'ossature est confiée au bandonéiste Olivier Manoury. Edda Erlendsdóttir a enseigné aux conservatoires de Lyon et de Versailles. Son répertoire embrasse l'histoire de la musique s'étendant de C.P.E. Bach à l'Ecole de Vienne sans oublier Haydn, Schubert, Liszt, Grieg, Tchaïkovski, Debussy, Ravel…

Soucieuse de préserver ses enregistrements de l'oubli (enregistrements souvent favorablement critiqués par la presse professionnelle française), elle fonde son propre label discographique et dans ce cadre nous propose une lecture très réussie de chefs-d'œuvre appartenant à la sphère germanique dans ses métamorphoses inéluctables allant du romantisme toujours fascinant de vers deux œuvres dues à et à l'un de ses élèves majeurs, .

Erlendsdóttir aborde les Trois Pièces pour piano D. 946 avec un grand respect du climat schubertien, de ses longueurs délicieuses, de ses répétitions fascinantes et ses thèmes inoubliables. De quatre pièces très bien défendues affichent l'art du grand maître européen oscillant en permanence entre pensée romantique et échappées fulgurantes vers plus d'originalité. Avec Schoenberg et ses Trois Pièces pour piano op. 11 (élaborées en 1909 et créées à Vienne en 1910), déjà expérimentales et personnelles, et avec sa Sonate op. 1 de 1907-1908, créée à Vienne en 1911, remarquablement issue d'une sensibilité exacerbée, Edda Erlendsdóttir minimise habilement ce qui pourrait heurter l'auditeur peu habitué et souligne naturellement, les passages d'une esthétique à une autre. Un très beau récital tout à fait apte à retenir l'attention et l'intérêt des non-initiés.

(Visited 575 times, 1 visits today)