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À Prades 2013, chefs d’œuvre et découvertes

À raison de deux concerts par jour, le Festival de Prades a pour habitude de s'exporter l'après-midi dans les hauts-lieux du patrimoine catalan; ainsi est-il accueilli depuis trois ans par la communauté des Bénédictins de Saint-Martin du Canigou pour un concert exceptionnel dans l'église de l'Abbaye, joyau du style roman primitif. La soprano Shigeko Hata était au côté du auquel Damien Ventula prêtait main forte pour donner le Stabat Mater de Boccherini dans la version de 1781. Cette pièce plutôt rare pour quintette à cordes et voix, seul ouvrage lyrique de Boccherini, bénéficiait d'une acoustique idéale et de la qualité des interprètes mettant en valeur, entre dimension dramatique et opératique, la singularité d'une écriture séduisante autant que profonde.

Les rendez-vous du festival au Cinéma Le Lido de Prades, en matinée, sont l'occasion de conférences, rencontres et films en relation avec la résidence du compositeur invité. Si l'on a regretté l'absence de pour la présentation de son opéra filmé Les Diables de Loudun, la découverte de cet ouvrage lyrique impressionnant, premier opéra du compositeur polonais, laissait sans voix. Commande de Rolf Liebermann alors en charge de l'Opéra de Hambourg, l'ouvrage est créé en 1969 sous la direction de Marek Janowski avec Tatiana Troyanos (Mère Jeanne) et Anrezej Hiolski (Gandier); Penderecki en écrit le livret s'inspirant de l'adaptation théâtrale que John Whiting a tiré en 1960 du roman éponyme d'Aldous Huxley. Dans le DVD sorti en 2007 chez Arthaus Musik, filme la mise en scène somptueuse de Konrad Swinarski.

La soirée du 12 Août, dans l'Abbaye Saint Michel de Cuxa, avait pour titre « Amériques » mettant à l'affiche les compositeurs des 2 Amériques et ceux qui y trouvèrent une terre d'accueil comme Antonin Dvorak et Béla Bartok.

Du compositeur hongrois qui quittera son pays pour la côte Est des Etats Unis en 1940, nous entendions Contrastes, une pièce pour clarinette, violon et piano de 1938 écrite pour le violoniste et ami Joseph Szigeti et le clarinettiste de jazz Benny Goodman. L'oeuvre en trois mouvements plutôt virtuose, combinant les éléments du folklore hongrois et la frénésie des rythmes de jazz réunissait sur scène , présent sur tous les fronts, la violoniste Mihaela Martin et Peter Frankl, trois musiciens accomplis conférant à une musique toujours très inspirée son mordant et sa ferveur . Les Talich « chantaient dans leur arbre généalogique » – et avec quelle grâce! – dans le Quatuor « américain » de Dvorak dont ils nous donnaient une version d'anthologie. Le galbe des thèmes, l'originalité métrique et l'âme slave y étaient admirablement ressentis dans un équilibre qui frisait la perfection.

La seconde partie résonnait des rythmes et mélodies colorées de l'Amérique du sud, même chez le New-yorkais qui, dans son sextuor pour clarinette, piano et quatuor à cordes de 1935 s'inspire de danse populaire mexicaine mâtinée de rythmes de Charleston. L'oeuvre de facture un peu étrange est une adaptation d'une pièce symphonique Short Symphonie; dans l'interprétation qu'en donnaient les six musiciens, elle trouvait davantage d'élan et de cohérence dans le Finale très enlevé.

Le dispositif prévu par dans son Chôros n°7 « Settimino » (flûte, hautbois, clarinette, saxophone, basson, violon et violoncelle) est à la mesure des couleurs que le compositeur dispense dans une partition foisonnante et gorgée d'énergie que nous communiquaient avec bonheur les sept musiciens du plateau.

Le  revenait sur scène pour clore la soirée avec un des tangos d', superbement conduit par le second violon Roman Patocka, magnifique rhapsode en charge des redoutables solos galvanisés par la rythmique très habitée de ses trois partenaires.

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