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Pierre Labric décoiffe Vierne et Widor

a été déjà fort remarqué au disque depuis les rééditions publiées par le même label Solstice : une intégrale (les six symphonies, les Pièces en style libre, et les Pièces de fantaisie), du Liszt, et des œuvres de son professeur Jeanne Demessieux.

Pour autant, tous ces enregistrements furent pensés pour le disque, à la différence du présent album. Ici, rien de tel que les petites montées d'adrénaline bien connues des concertistes, celles qui galvanisent, surtout quand on se retrouve aux manettes d'un orgue tel que celui-ci, pour offrir à l'auditeur un discours musical quelque peu différent. Comme l'explique très bien François Carbou, qui fut longtemps si familier de cette tribune, le concert d'orgue du dimanche après midi à Notre-Dame comportait une première répétition le vendredi soir où l'organiste mettait peu à peu en place son récital, surtout par le choix des registrations et aussi une bonne prise en main de l'instrument. Le samedi soir, après une reprise de la veille, l'organiste pouvait envisager sa répétition générale, à l'identique du lendemain. C'est à ce moment là que furent captés ces instants uniques, dans le calme, et à distance du dimanche après midi, à l'ambiance assez bruyante, et moins favorable à l'enregistrement.

Comme pris dans un irrésistible élan, offre ici une lecture décoiffante de ces allegro héroïques de . Le tempo est rapide, haletant, on sens l'urgence de l'instant. Le geste est large pour autant, même si quelques détails passent au second plan. L'orgue est utilisé à plein, comme l'aurait fait son illustre titulaire Pierre Cochereau, lui même compagnon de conservatoire de notre interprète. L'orgue résonne en gloire. On retrouve le « son Notre-Dame » si caractéristique de ces années là. La prise de son rapprochée de François Carbou, faces aux chamades, et cette manière particulière de registrer, fruit de l'école Dupré, sont des repères qui marquent une époque et une manière de proposer une œuvre au public.

François Carbou nous gratifie d'un texte de pochette hautement instructif, et truffé d'anecdotes, sur le microcosme particulier de cette tribune qui vit passer tant et tant d'artistes durant cette période bénie de la fin des années 60 jusqu'à 1985. 743 récitals furent engrangées sur des galettes de Revox, de quoi nous combler encore pour de nombreuses années.

Mais revenons encore un instant sur l'art de . Aujourd'hui nonagénaire, il aura illuminé de son talent d'artiste tout un répertoire dont il s'était fait le spécialiste. Les grands Vierne, les grands Widor, qui ne l'effrayaient nullement, et qu'il savait porter au plus haut grâce à une inspiration sans faille. Il n'est que d'écouter le magique Cantabile de la symphonie n°4 de Widor pour s'en convaincre.

Un maitre disque pour connaitre plus complètement l'art de Pierre Labric.

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