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Bruckner par Barenboim : métier irréprochable, inspiration amenuisée

Depuis combien de temps fréquente-t-il les symphonies d' ?

Déjà en 1973, son enregistrement de cette Symphonie Romantique à la tête de l'Orchestre symphonique de Chicago (DG) confirmait ses qualités de brucknérien en route vers la maturité.  Nous l'avions alors dégusté. Puis, lorsqu'il dirigeait l'Orchestre de Paris au Palais des Congrès à partir de 1975, en remplacement de Georg Solti, il nous avait offert une Quatrième Symphonie plutôt juvénile, très enthousiaste et presque spontanée. Nous y étions. Déjà en 1973, son enregistrement de cette Symphonie Romantique à la tête de l'Orchestre symphonique de Chicago (DG) confirmait ses qualités de brucknérien en route vers la maturité.  Nous l'avions alors dégusté.

Presque trente ans plus tard, c'est face à la Staaatskapelle Berlin, dans la fameuse salle de Philharmonie de Berlin, qu'il la dirige en juin 2010. Les métamorphoses au fil des décennies semblent étonnantes et si, aussi bien l'orchestre que le chef connaissent leur affaire, ce dernier paraît lointain, détaché, quelque peu inhibé par un savoir musical insurpassable mais aussi moins habité,  moins romantique que jadis. Passé ces nuances – non négligeables – il reste une Symphonie n° 4 en mi bémol majeur, l'une des plus remarquables du cycle qui en comprend onze (si l'on inclut celles de jeunesse numérotées « 0 » et « 00 »). Les interprètes ont choisi la version de 1878/1880 et la défendent avec panache au plan technique mais avec un léger déficit d'investissement en faveur de l'exploitation d'un monde brucknérien quelque peu répétitif, obsessionnel, songeur et méditatif. « Bruckner… y projette sa propre mystique sur l'objet même de sa création pour en faire un chant de louange à l'adresse du Seigneur », écrit Jean Gallois en 1971 dans la regrettée collection « Solfèges ». Et cette disposition spirituelle et religieuse cardinale  transparait insuffisamment  dans cette interprétation comme on vient de le signifier.

Néanmoins, l'ensemble mérite ce support avec un Final se rapprochant, sans l'embrasser intégralement, de la manière dont le concevait P.G. Langevin (L'Age d'Homme) en 1977 : « Grandiose et solennelle entre toutes, la coda (mes. 477) offre une double gradation dont la section conclusive exploite l'échelle céleste dans son aspect peut-être le plus typique, pour s'élever vers la lumineuse affirmation du motif cyclique. »

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