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Robert Schumann par Hélène Grimaud et Jan Vogler

Robert Schumann conçut sa Fantasiestück pour le couple clarinette (ou violon) et piano dont la création publique se déroula à Leipzig le 14 janvier 1850. L'intervention d'un violoncelle en place de la clarinette accentue ou du moins contribue à confirmer la maîtrise de la petite forme par le compositeur romantique par excellence. Les trois pièces composant cet opus 73 s'articulent sans pause en réalisant une progression d'intensité, de tempos, d'exposition de sentiments lyriques, sans jamais rompre l'unité de la partition. Le créateur inspiré par une pensée hautement contemplative traduit en notes sa confrontation à la vie. « Je suis touché par tout ce qui se passe dans le monde… et alors j'ai envie d'exprimer mes sentiments en musique. » Le violoncelle de et le piano d' rendent justice à cette musique par leur lecture respectueuse de ne pas en bousculer les fondements.

L'Andante et Variations pour deux pianos, deux violoncelles et cor n'est autre qu'un quintette qui ne  connut pas de succès lors de sa présentation le 13 mars 1843. Dans la version que l'on écoute sur cet enregistrement on découvre une interprétation de premier plan  digne de rehausser cette musique au niveau des réalisations les plus remarquables du Schumann. Les musiciens ont choisi d'exposer la version originale du quintette, mouture dont Johannes Brahms avait précocement décelé tout l'intérêt et toutes les qualités, en un mot toute la profonde  beauté. Lui-même la donnera en compagnie de à Vienne en novembre 1868, une douzaine d'années après le suicide de Robert. Nous avouons notre réserve marquée quant au remplacement de la voix par le violoncelle dans le cycle des Dichterliebe (Les Amours du poète) sur des poèmes d'Heinrich Heine. La beauté du timbre du violoncelle, réputé proche de la voix humaine, s'avère relativement inefficace à reproduire toutes les inflexions de la voix et d'un  texte truffé d'une multitude de nuances et de significations devant l'expression de l'amour aux déchirements pathétiques du poète. Le violoncelle ne parvient pas à déchirer l'auditeur en privant ce dernier des accents et épanchements poignants du final de l'œuvre. Bien sûr l'interprétation instrumentale reste de haute qualité mais hélas dénature quelque peu les intentions intimes de Schumann.

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