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David Zinman, entre musique savante et populaire

Le programme de ce concert, qui illustrait la fameuse dialectique musique savante / musique populaire, commençait par deux cycles de pièces courtes signés Bartók et Lutosławski, au style moderne volontiers teinté de folklore national. Ces fragments, brillants ou plus intimes, servaient à l'orchestre et au chef de tour de chauffe, et ne se démarquaient pas spécialement. Les Préludes de danse permettaient tout au plus de ménager une transition intéressante avec le concerto à venir, puisque ce cycle met déjà en avant la clarinette.
Taillé sur mesure pour le fameux clarinettiste Benny Goodman, on ne peut pas dire du Concerto de Copland qu'il soit un chef d'oeuvre, même s'il répond aux attendus du genre. Au lyrisme du premier mouvement, qui permet de démontrer la grande sensibilité du soliste, répond un final enlevé et ludique, au ton volontiers sardonique, dont l'inspiration varie entre accents populaires et imitation du néoclassicisme stravinskien. Les deux mouvements sont en outre reliés entre eux par une cadence soliste, très virtuose. Reste que la prestation de était très engagée, tant sur le plan physique que musical.
Visiblement content de son effet, le jeune soliste offrait au public un bis original, une improvisation pleine de fougue où l'on reconnaissait quelques fragments de thèmes de Debussy et Sibelius notamment.
Après l'entracte, et l'Orchestre National revenaient donner la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák, chef-d'oeuvre insubmersible et légitime point culminant de la soirée, dont l'interprétation n'était pas exempte de certaines lourdeurs, due à la gestion des tempi ou à une lecture volontiers séquencée. On mentionnera le ralentis au début du développement du premier mouvement, qui prenait les allures d'un violent coup de frein à main, alors même que l'introduction avait donnée dans un tempo plus enlevé que d'habitude, ou encore le début du fameux largo, aux coupures chirurgicales. Pour le reste, les trios du Scherzo traînaient quelque peu la patte, se complaisant dans l'évocation populaire, avant que l'Allegro con fuoco ne finisse par emporter véritablement l'adhésion, la lecture toujours claire mettant idéalement en relief les rappels thématiques des mouvements antérieurs.
Au fil du discours, les divers pupitres de l'orchestre se révélaient tout à fait excellent, avec une mention spéciale pour les cuivres, particulièrement mis à l'honneur dans le dernier mouvement.

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