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David Grimal immergé dans les concertos de Mozart

prouve encore une fois son attirance pour les défis : après l'intégrale des symphonies de Beethoven avec l'ensemble , après celle de ses sonates pour piano et violon, il s'attaque à celle des concertos de Mozart. Il pense qu'après avoir beaucoup joué ces œuvres dans sa jeunesse, il est temps pour lui de jeter sur elles le regard d'un homme mûr qui peut y trouver maintenant le résultat d'un autre travail.

Il a choisi de s'entourer d'une petite vingtaine de musiciens, et on ne peut que le féliciter de ce choix. Cet effectif fait ressortir l'écriture de l'époque, axée certes sur les cordes aigües ici accompagnées par des graves présents et dynamiques sans être pâteux. Les soli de hautbois, de cors joués par des instruments d'époque ressortent tout en se mêlant naturellement à l'ensemble. Les flûtes, présentes uniquement dans le deuxième mouvement du Concerto n°3, ornent avec grâce les pizzicati des cordes en sourdine : l'équilibre est donc parfait. Voir jouer cet ensemble restreint est un vrai bonheur, car tous ces jeunes musiciens vivent cette musique comme des acteurs d'une troupe homogène.

Leur cohésion est remarquable, que ce soit dans la précision des attaques, dans la nervosité des accents et des sforzandos qui parsèment ces phrases pleines d'appoggiatures, dans les oppositions de nuances qui sont obligatoires dans les concertos. Les traits ou les gammes descendantes comme celles du troisième mouvement du Concerto n°1, sont parfaitement joués ensemble, même si le tempo choisi est extrêmement rapide. Les reprises souvent périlleuses des refrains des troisièmes mouvements sont toujours exécutées sans bavures et donc avec l'esprit qui leur convient. semble littéralement s'amuser avec les autres interprètes, notamment dans le rondo du concerto en sol, qui apparaît comme le plus original des trois concertos pour violon interprétés dans ce concert.

possède jusqu'au bout des doigts celui pour hautbois ; le son est homogène dans tous les registres, puisque dans la cadence qui demande des sauts de près de deux octaves, il exécute ceux-ci sans anicroches. Le son est prenant grâce à sa douceur, et le dialogue avec l'orchestre fait preuve d'entrain et d'humour, comme on le voit dans le rondo durant lequel les cors ne manquent pas de pittoresque.

La grande qualité de semble être le charisme avec lequel il fédère cet orchestre de chambre. Ce résultat est déjà celui d'un travail de longue haleine, puisque l'ensemble «  », nom d'un quatuor de Mozart par ailleurs, joue sans chef depuis plusieurs années. Dans ce répertoire fondé sur le dialogue, il a trouvé une vivacité, un sens du théâtre qui est proprement réjouissant : on pense sans arrêt à Zerline, à Figaro, à Serpetta car cette musique instrumentale rejoint là celle du théâtre lyrique de leur auteur. Le son si pur du soliste dans le deuxième mouvement du concerto en ré rappelle l'air Porgi amor de la Comtesse dans Les Noces, et le vibrato nerveux ne met en valeur que le chant, et non les fioritures obligées de la ligne mélodique du violon.

David Grimal choisit souvent des tempi de mouvements rapides à la limite du possible : les traits en paraissent du coup acrobatiques pour le soliste… En revanche, il sait donner cette impression d'urgence joyeuse qui est la marque de ce musicien dont on a dit que le cœur battait plus vite que celui des autres…

Crédit photographique : © Opéra de Dijon

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