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Douglas Bostock, un chef prospecteur

Musical Concepts est le nom de cette étiquette américaine à laquelle nous devons notamment une admirable intégrale des symphonies de Beethoven dirigée par . Son label super-budget, Alto, reprend des enregistrements indisponibles depuis un certain temps, en raison de la disparition des éditeurs originaux, comme Unicorn ou ClassicO. Le défunt label danois ClassicO avait comme particularité de s'aventurer exclusivement en territoires peu ou pas explorés, cela avec la complicité du chef britannique , l'un des derniers élèves privés de Sir en direction d'orchestre : ClassicO a d'ailleurs publié 16 CDs de musique anglaise sous le nom de The British Symphonic Collection, avec la participation évidemment enthousiaste de Bostock.

Alto reprend le 5e disque de cette série, consacré à (1874-1934), et par son programme, nous permet d'entendre autre chose que les célèbres Planètes. Non que tout soit inconnu ici : il existe plusieurs enregistrements du ballet de l'opéra The Perfect Fool op. 39 (1922), et avec raison, car il s'agit d'un des chefs-d'œuvre du compositeur (plus joué d'ailleurs que l'opéra lui-même), où l'on retrouve le style si caractéristique et personnel des Planètes, notamment l'exubérante magie d'Uranus. Tout aussi caractéristique, mais dans un autre style, est la Hampshire Suite op. 28 n°2 (1911) qui nous révèle un Holst aussi fasciné que Vaughan Williams par le folklore musical de son pays. Originellement pour orchestre militaire et non dénuée d'humour, elle nous est présentée ici dans l'arrangement pour orchestre symphonique de l'excellent Gordon Jacob (1895-1984) – et non Jacobs comme mentionné par Alto. On notera dans le Finale Fantasia on the Dargason, l'utilisation du célèbre Greensleeves en contrepoint au folk song irlandais The Dargason, Finale d'ailleurs repris tel quel mais pour cordes seules dans la St Paul's Suite op. 29 n°2 (1913).

Les trois autres œuvres sont des œuvres de jeunesse qui, pour agréables qu'elles soient à l'audition, révèlent à peine la future personnalité du compositeur, car fort influencées par Hubert Parry (1848-1918), et par son professeur Charles Villiers Stanford (1852-1924). Son ouverture Walt Whitman op. 7 (1899) a même de curieux relents wagnériens assez inattendus. La Symphonie en fa majeur « The Cotswolds » op. 8 (1900), pleine de joie de vivre, contient toutefois en son 2e mouvement qui en est le cœur une émouvante Elegy In Memoriam William Morris.

À sa façon, le disque consacré au compositeur tchèque (1870-1949) est une forme de première mondiale réjouissante : celle, enfin, d'un chef d'orchestre non tchèque dirigeant cet admirable musicien passionné d'alpinisme, amoureux de la nature et tendant vers des aspirations panthéistes, aspirations idéalement sublimées dans son magnifique poème symphonique Dans les Tatras op. 26 (1902) et dans la Suite de Bohème du Sud op. 64 (1937). En amoureux de cette musique, nous offre ces chefs-d'œuvre avec un enthousiasme et un soin des détails irrésistibles, et son orchestre de Karlovy Vary lui répond à merveille.

Supraphon nous a révélé sporadiquement l'essentiel de l'œuvre orchestral de Novák, mais les Huit Nocturnes pour voix et orchestre op. 39 (1908) sont bien une première au disque, et elle est particulièrement bienvenue, surtout dans l'interprétation parfaite de la soprano Daniela Straková, à la voix juvénile et émouvante, chaude et pure, et vraiment délectable. En plus des interprétations captées sur ce disque, Bostock a également enregistré deux autres cycles de mélodies orchestrales avec la même soprano, ainsi que le superbe poème symphonique De l'Éternel Désir op. 33 (1901), enregistrements que l'on espère ardemment retrouver aussi sur le label Alto.

Après les œuvres des trois grands pionniers de l'école nationale tchèque Smetana, Dvořák et Fibich, il reste encore bien des pages à découvrir chez les compositeurs tchèques de la génération suivante, non seulement de (Symphonie d'Automne, 1934 ; Symphonie de Mai, 1943…), mais également de Josef Bohuslav Foerster (1859-1954), Otakar Ostrčil (1879-1935), et même Josef Suk (1874-1935). Avis aux amateurs !

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