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Les révélations classiques de l’ADAMI 2014 au Festival Pablo Casals

Depuis plus de 10 ans, l'ADAMI entame chaque nouvelle année des Révélations classiques avec le Festival Pablo Casals. Un rendez-vous très attendu du public, le concert révèle huit des meilleures interprètes et chanteurs français de la jeune génération, parmi plus d'une centaine candidats auditionnés et sélectionnés tout au long de l'année.

Comme à l'accoutumée, c'est avec le piano que l'après-midi s'ouvre. réussit ce pari difficile avec le « Prélude » de la Suite anglaise en la mineur de J.S. Bach et deux Préludes de Debussy, grâce à l'assurance de ses touches et l'articulation claire des phrasés. Si dans Bach la rigueur est mise en valeur avant tout, une bonne résonnance domine « La Fille aux cheveux du lin », alors que l'utilisation de la pédale est limitée dans « Ce qu'a vu le vent d'ouest », ce qui évite que la pièce soit submergée dans un déluge sonore.

Le ténor a une voix élastique à un timbre très lumineux. Après avoir offert ces qualités  dans « Il mio tesoro » (air de Don Ottavio dans Don Giovanni de Mozart), il fait preuve d'une bonne diction pour « Un tailleur amoureux » (air de Griolet de La Fille du Tambour Major de Offenbach). On se réjouit par ailleurs qu'une Révélation de l'ADAMI ait choisi un air d'opérette aujourd'hui quelque peu oublié. En revanche, on remarque quelque raideur dans les expressions du visage, une élasticité également sur ce point sera donc bienvenue.

Le violoncelliste , dont la carrière a déjà démarré, surprend (comme toujours) par sa technique véritablement époustouflante dans le Fantasy on little Russian song de David Popper (1843-1913) et par une musicalité d'une profondeur étonnante dans la Valse sentimentale de Tchaïkovski. Le son clair et généreux qui s'élance tout droit, ainsi que sa concentration extraordinaire, captent immédiatement l'attention de l'auditeur, en l'invitant délibérément à entrer dans son univers musical.

Vient ensuite le tour d' d'explorer ses ressources vocales dans « Durch Zärtchkeit und Schmeicheln » air de Blondchen de L'enlèvement au sérail de Mozart, et « Je suis Titania la blonde », air de Philine de Mignon d' (1811-1896). Si sa tessiture est bien celle de soprano colorature, le timbre de sa voix n'est pas aussi aérien, mais quelque chose de plus consistant, plus « ancré ». Cette association, inattendue, donc très intéressante, donne au chant une couleur tout à fait personnelle que la cantatrice approprie bien à son répertoire.

nous fait découvrir davantage son instrument : basson. Après l'« Andante » des Trois pièces pour basson de (1867-1950) où il déploie un sens mélodique inné, il interprète avec virtuosité les quatre mouvements de Sonatine-tango de (1930-1995) avec, tour à tour, véhémence, humour, sérénité et énergie.

Le baryton est, non seulement un excellent chanteur, mais un acteur avéré. L'air de Lescaut « A quoi bon l'économie » (Manon de Massenet) profite d'une voix chaude et charnue et d'une jolie émission, tandis qu'il brille d'une belle technique vocale dans le célèbre air de Figaro « Largo al factotum », du Barbier de Séville de Rossini. Le jeu d'acteur et le chant vont à merveille dans ces pièces ; espérons qu'il approfondira toujours parallèlement ces deux aspects.

L'altiste , que nous connaissons maintenant bien, confirme son talent avec les Deux pièces de (1879-1941) et la transcription du Mouvement perpétuel de Paganini. Dans Bridge, une large linéarité du « Pensiero » complète l'ardeur de l'« Allegro appassionato », à quoi s'ajoute une extraordinaire assurance technique mais aussi une grande constance – ou endurance – musicale dans le Mouvement perpétuel.

La dernière des huit musiciens est la mezzo soprano , qui chante « La chanson bohème » de Carmen (Bizet) et l'air de Sesto « Parto ma tu ben mio » de La Clémence de Titus (Mozart). Deux fières héroïnes incarnées par une voix riche, mise en valeur avec le jeu recherché d'actrice. Comme , elle entre complètement dans son rôle, transformant chaque fois les regards, l'allure et l'attitude, certainement à travers ses expériences déjà nombreuses sur la scène.

A la fin, les traditionnels ensembles instrumentistes (Astor Piazzolla : Fuga y misterio) et chanteurs (Offenbach : « Barcarolle » des Contes d'Hoffmann), où chaque musicien prend grand plaisir à une exécution collective.

Crédits photographiques : Les instrumentiste (de gauche à droite : , , Lomic Lamourou) ; Les chanteurs (de gauche à droite : , , , ) © Némo Perier Stefanovitch

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