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Le Cercle de l’Harmonie au Festival de Besançon

On ne dépassera pas l'année 1840 dans ce programme joué au Théâtre de Besançon, par Le Cercle de l'Harmonie sous la direction ouverte mais difficile à suivre de . Les cors et trompettes naturels, les flûtes en bois, les timbales de petites tailles et un ensemble homogène de cordes caractérisent le Cercle de l'Harmonie.

L'ouverture Coriolan de Beethoven n'ira pas chercher la profondeur et le poids qu'on lui accorde volontiers, les abysses mystiques et la balance expressive n'étant pas la palme de ces formations qui n'arriveront jamais à la plastique des grandes formations traditionnelles. Ce n'est d'ailleurs pas ce qu'on leur demande mais ce qui explique par moments que l'intention donnée et ressentie se situe ailleurs. Le goût y est, sans fautes, et c'est le principal.

L'Italienne de Mendelssohn va chercher la joie et la couleur (Allegro vivace), la touffeur et la contemplation (andante con moto – con moto moderato) et la folie de la danse (Saltarello) : virtuoses des vents dans ce dernier mouvement, aux limites digitales grisantes.

Des Nuits d'été encombrées de nuages

La partie vocale, cœur thématique de la soirée, est moins convaincante. Si les deux premiers mouvements du cycle des Nuits d'été de Berlioz restaient relativement intelligibles, il s'avère que jusqu'à la fin, se montre peu compréhensible. Neuf fois sur dix, ce piège propre à la mélodie française fonctionne tout seul : pour nous autres francophones, il ne peut y avoir de grande chanteuse dans ce domaine si la clarté du texte ne suit pas. Bien d'autres chanteuses non francophones ont pourtant réussi ce pari : Susan Graham, Renée Fleming par exemple. Le timbre rentré de la chanteuse devient ici tendu dans les aigus, bien meilleur dans la douceur du chuchotement. Pourtant, ces effets seront amoindris dans les deux arias mozartiennes, de bien meilleur effet, et rattraperont un Berlioz inabouti. Concernant l'orchestre, il est intéressant de remarquer combien, et c'est paradoxal, l'utilisation d'instruments anciens peu mettre en valeur la modernité de l'orchestration. Si couvrait par moment sa chanteuse, sûr que les frottements harmoniques, les harmonies et la rythmique propres à Berlioz ont eu leur mot à dire, plus faciles à rendre qu'avec un gros orchestre.

Enfin, le bis repetita intégral du dernier mouvement de l'Italienne aurait pu laisser sa place à une pièce plus courte, un vrai bis en quelque sorte. Mais le plaisir global fut au rendez-vous.

Crédit photographique : © Dario Acosta

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