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Musiciens des tranchées de 1914 à 1918

Alors que les célébrations du centenaire de la guerre de 1914 ont officiellement démarré, le musicologue Dominique Huybrechts, grand défenseur du quatuor à cordes et spécialiste de la musique de la « Grande Guerre », fait repaître opportunément son ouvrage « 1914-1918, Musiciens des tranchées » dans une version révisée et enrichie.

Au long de la cinquantaine de portraits dont les plus développés sont ceux de l'ambulancier et du militariste , on s'étonne de voir la flamme à servir son pays qui anime le conducteur Maurice Ravel en dépit de sa santé fragile, le patriotisme sacrificiel d'Albéric Magnard qui meurt le pistolet à la main en défendant sa maison contre les soldats allemands, et on découvre les noms de jeunes compositeurs qui étaient promis à une carrière prometteuse, tels l'Allemand qui était considéré comme le chef de file de la nouvelle école allemande, ou le Britannique qui semble avoir été le plus regretté de ses pairs morts au combat.

Que ce soit à travers l'analyse des destins particuliers des musiciens (le violoncelliste et son fameux violoncelle rudimentaire le « Poilu », en couverture) ou les descriptions des anonymes tels les joueurs écossais de cornemuse, les pipers, qui montaient les premiers sur les parapets des tranchées pour entraîner leurs camarades – avec les conséquences que l'on imagine sur leurs chances de survie, l'élément le plus frappant à travers tout l'ouvrage est le sens du collectif. Les hommes à titre individuels étaient bien frappés de doute, fraternisaient avec l'ennemi, se rebellaient parfois – aucun exemple n'est toutefois donné en ce qui concerne les musiciens, mais ils étaient portés par un élan collectif (on oserait presque dire solidaire) inimaginable aujourd'hui où l'individualisme et la désillusion dominent les esprits.

Faute de pouvoir percer le mystère de cet embrasement démentiel – qui le pourrait? – et de nous rendre actuels ces hommes au courage impossible à imiter, Dominique Huybrechts offre un panorama pertinent qui sait couvrir aussi bien le collectif que l'individuel , les musiciens illustres que les anonymes, dans les deux camps ennemis, le tout renforcé d'une iconographie pertinente. Autre atout, les annexes offrent de manière synthétique la liste des œuvres – pas si nombreuses – inspirées par cette guerre.

Seul effet bénéfique de la guerre de 14 pour la musique, la naissance de l'ethnologie musicale sous la houlette de l'Allemand Robert Lachmann et de l'Autrichien Robert Lach, qui consignèrent les chants traditionnels des soldats africains des armées françaises et britanniques qui avaient été faits prisonniers.

 

En coopération avec la
sur les mémoires des violences politiques
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