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Beethoven / Andsnes, le voyage continue à Munich

Depuis quelques années, fait le tour du monde avec les cinq concertos de Beethoven sous le titre un peu pompeux de Beethoven Journey, avec les partenaires les plus variés : à Munich, c'est avec l' qu'il fait équipe, la baguette étant confiée à : nous avions évoqué le premier concerto en octobre 2012 ; le second avait suivi un an plus tard, et on peut s'attendre à voir le concerto restant un beau jour d'octobre 2015.

Avant Beethoven, ouvre ce plantureux concert par la symphonie n° 88 de Haydn, alors que les deux épisodes précédents étaient plutôt ouverts sur le XXe siècle : la Philharmonie de Munich, bien connue pour ses déficits acoustiques, n'est pas très accueillante pour cette musique, et Dausgaard tente de s'en tirer par un son très compact, où transparence et fluidité ne sont pas à l'ordre du jour ; on pourrait encore s'en accommoder s'il n'y avait plus grave, un manque rédhibitoire de sourire et de liberté.

Heureusement, les choses s'améliorent sensiblement pour les deux concertos de Beethoven. y fait souvent le choix d'un art de l'estompage qui profite de la moindre coulée de notes pour lui donner des nuances presque impressionnistes : ce n'est certainement pas l'affrontement d'un soliste virtuose avec l'orchestre que cherche ici Andsnes, mais une vision plus intégrée. Cette vision offre beaucoup de moments forts, même si on aurait pu apprécier une rhétorique plus affirmée, un peu moins de Debussy et un peu plus de Schubert en quelque sorte, d'autant que l'entame du mouvement lent du 3e concerto montre sa capacité à émouvoir dans cette direction plus articulée.

L'orchestre que dirige ne peut pas toujours rivaliser avec la perfection instrumentale des collègues de la Radio Bavaroise, en particulier dans les solos des vents ; mais l'accompagnement est à l'unisson des conceptions esthétiques du pianiste, avec par exemple une manière très approfondie de repenser les articulations. On a vu, pour le soliste comme pour l'orchestre, des options plus radicales ou plus flamboyantes, mais ce Beethoven séduit.

Photo :  crédit  Özgür Albayrak

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