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Le Kammerorchester Basel dans un oratorio de Noël en demi-teinte

Un Oratorio de Noël festif mais sans véritable passion à la Cité de la musique.

L'orchestre de chambre de Bâle offrait, à la Cité de la musique, un concert bien de saison : deux soirées musicales donnaient à entendre l'Oratorio de Noël de Bach, respectant la structure en deux parties d'une œuvre qui retrace en six cantates l'histoire de la Nativité.

On ne pouvait que percevoir l'atmosphère de fête et de danse dans l'interprétation choisie par l'ensemble : le tempo endiablé de l'ouverture de la première cantate, l'archet bondissant de , accompagnant sa direction fluide et souple. Un choix qui contrastait agréablement avec la grande retenue dans l'exécution des chorals par un chœur réduit à douze chanteurs.

Une pureté qui se prêtait pourtant mal à cette musique religieuse.

Mais cette pureté, en se propageant dans l'ensemble de l'Oratorio, donnait le sentiment d'une trop grande pudeur dans l'interprétation qui annihilait un peu la portée symbolique et religieuse de l'œuvre. Les tempi rapides et les dynamiques prononcées de l'orchestre, qui suggéraient la fête et la joie, semblaient alors comme vidés de leur substance. Doit-on accuser l'acoustique relativement sèche de la salle des concerts de la Cité de la musique, qui ne se prêtait pas vraiment à la ferveur de cet oratorio de Noël ? Ou l'effectif très réduit de l'orchestre et du chœur? Ou encore, la justesse approximative des instruments anciens, malgré le talent des interprètes et la saveur particulière qu'ils apportaient à cet oratorio ? Toujours est-il qu'une paroi de verre semblait séparer les musiciens du public et empêcher de ce fait un véritable partage de l'émotion.

Une distance que les chanteurs ont pourtant bien cherché à combler.

La douceur et l'innocence de la voix presque enfantine du contre-ténor roumain se prêtaient parfaitement à l'œuvre et offrait un contrepoint intéressant avec le timbre bien différent de , qui arborait un beau chant vibré et maîtrisé. a lui aussi tenu le rôle de l'évangéliste avec la neutralité et la hauteur qui s'attachent naturellement à ce personnage. Mais c'est surtout qui cherchait un nouer un lien plus direct avec la salle que la musique elle-même ne parvenait à créer : par ses gestes et son chant enveloppant, il semblait presque engagé dans un jeu de séduction avec le public, comme invitant le spectateur à partager ses paroles de louages.

Ainsi, cet Oratorio, qui réunissait pourtant de grands interprètes de la musique de Bach, avait quelque chose de très lisse et de très retenu qui a pu décevoir ceux qui venaient chercher ce soir-là à la Cité de la musique un peu de l'exaltation et de la chaleur des Noël du passé.

Photo : (c) Uwe Arens / SONY

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