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Tout l’art de Jean Martinon chez Decca et DG

La carrière discographique du chef d'orchestre et compositeur français (1910-1976) se répartit en gros comme suit : la période anglo-française Decca – Philips, la période américaine RCA (à Chicago), et la seconde période française VOX – DG – Erato – EMI.

Jusqu'il y a peu, seule la réédition des gravures anglaises Decca 1951-1960 avait été judicieusement accomplie par Universal (il y manque les quelques tout premiers 78 tours londoniens gravés au Kingsway Hall dès janvier 1947), ce qui nous avait permis de réévaluer et confirmer l'immense stature artistique du grand musicien français. Aujourd'hui, c'est également Universal mais d'Australie que nous parviennent ces deux précieux coffrets, l'un consacré à toutes les gravures Philips 1953-1956, l'autre à celles de Deutsche Grammophon 1960-1971, ce qui constitue une véritable aubaine pour le mélomane, d'autant que le répertoire présenté ici nous semble plus intéressant que dans la précédente édition Decca.

Forgotten Records nous avait déjà offert des transferts impeccables au départ d'excellents microsillons, d'une partie des gravures Philips, et nous reportons le lecteur à la chronique relative à cette réalisation. Toutefois l'avantage de l'édition australienne est de partir des bandes originales et d'y retrouver des gravures rares, notamment des trois symphonies de Mozart où l'on constate que les grandes qualités de clarté, de subtiles élégance et finesse de n'étaient pas exclusivement l'apanage du répertoire français. Et c'est aussi le cas pour Manuel de Falla où l'on retrouve avec joie l'admirable pianiste (1905-1986) qui reste encore une référence pour ces Nuits dans les Jardins d'Espagne qu'il ne transforme pas en concerto pour piano et orchestre, mais s'intègre à merveille dans la texture orchestrale ; par contre la contralto Corinne Vozza ne peut être considérée comme référence dans L'Amour sorcier, vu qu'elle est affublée d'un vibrato vraiment impossible, alors que le support orchestral de est tout à fait remarquable !…

Le coffret Deutsche Grammophon est peut-être encore plus désirable non seulement par les exécutions harmonieuses et toujours élégantes, subtiles et raffinées des pages de Bizet, mais surtout par la présence du merveilleux ballet Namouna d', très rare au disque. Et puis quel plaisir de retrouver le grand violoncelliste français Pierre Fournier (1906-1986) dans ces œuvres concertantes de Lalo, Saint-Saëns et Bruch, et le légendaire harpiste espagnol (1907-1993) dont le moins que l'on puisse dire est que son répertoire concertant est ici loin d'être banal (Saint-Saëns, Tailleferre, Ginastera) ! Cet album serait ainsi déjà remarquable en soi, mais Universal Australie a l'excellente idée de nous offrir en CD bonus Jean Martinon compositeur avec son superbe Concerto pour violon n°2 op. 51 ici exécuté par l'excellent à qui il est dédié, et dirigé cette fois par le poétique  : le discophile qui se prêtera à des auditions répétées en éprouvera assurément de grandes satisfactions musicales.

Maintenant, lorsque paraîtront les éditions intégrales analogues de la part de Sony-RCA et Warner-EMI, sans compter VOX, il sera enfin permis d'apprécier tout l'art de Jean Martinon de manière exhaustive.

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