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L’envoûtant voyage de Laurence Equilbey dans le Désert de Félicien David

Dans notre époque revenue de tout, le méconnu refait surface et fait mouche. Grâce soit rendue au Palazetto Bru-Zane et aux magnifiques musiciens embarqués dans la caravane de ce Désert des plus attachants. Révélation.

En 2014, à La Côte Saint-André puis à Versailles, François-Xavier Roth ressuscita l'ode- symphonie de  Christophe Colomb . Ces soirées palpitantes donnent envie de se précipiter sur ce Désert qui connut un immense succès en 1844. Berlioz l'aima, le dirigea. Il saute effectivement aux oreilles que lorsqu'on aime le grand Hector, on ne peut qu'être sous le charme de la musique de .

Genre dont il fut l'inventeur, l'ode-symphonie adjoint un récitant à la partition. L'enregistrement Naïve offre judicieusement un deuxième CD qui fait entendre l'oeuvre sans le guide touristique de cet apport parlé. Ce n'est pas faire injure au beau prêcheur poétique de (qui était déjà fier timonier sur la caravelle de Colomb) que trouver la partition de David plus belle encore libérée de sa loquacité. La musique dit bien les beaux ciels d'Afrique que David rapporta de son voyage en Egypte et en Algérie et que Berlioz fit chanter à sa Didon. Et pourtant à ce dépaysement physique ne correspond aucun dépaysement orchestral tant le langage musical est d'un classicisme achevé. Pour un peu on se croirait chez Gounod.

Le Désert de Félicien David est davantage une évocation idéalisée qu'une peinture d'un paysage pourtant tout juste colonisé. Initiale tenue des cordes façon Rheingold, déambulation méhariste alla Harold en Italie… les 45 minutes de l'oeuvre filent à toute allure, riches de mélodies que l'on a envie de réentendre.

D'ensorcelants talents sont du voyage. Très à l'aise avec la défilante variété d'atmosphères, dirige un idéal . envoie avec une bondissante ductilité le charme de la troublante Rêverie du soir, pendant que, sous son Hymne à la nuit, l'accompagnement orchestral annonce certaines Nuits d'ivresse et d'extase infinies berlioziennes. est la séduction même dans le Chant du muezzin. Le Choeur , affrontant sirocco et hymnes à Allah avec vaillance, parachève la traversée d'un Désert dont l'aridité est tout sauf musicale.

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