- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Carmen en super-production à Vérone

Quelques années seulement après avoir eu les honneurs du DVD, la mise en scène à grand spectacle de Carmen par aux Arènes de Vérone bénéficie d'une nouvelle captation, avec un meilleur plateau vocal qui tient ses promesses. 

Les – fort nombreux – amateurs de Carmen ont été à la fête ces dernières années en matière de captation vidéo car à la version de référence avec  Anna Caterina Antonacci et Jonas Kaufmann au Royal Opera House en 2006 (1 DVD Decca), s'est ajoutée la célèbre (et moins consensuelle) mise en scène transposée à l'époque franquiste de Calixto Bieito avec un autre duo majeur et français : Béatrice Uria-Monzon et Roberto Alagna (1 DVD Unitel Classica). Face à ce doublé superlatif, et tenant compte de l'incontournable film opéra de Francesco Rosi avec la belle Julia Migenes-Johnsson (1 DVD Gaumont), il faut de solides arguments pour ajouter de nouvelles versions au catalogue. Sans bousculer ce trio de tête, la présente production a de quoi séduire un large public, et remplace avantageusement la captation précédente avec Marina Domashenko, qui n'avait pas laissé de souvenirs impérissables (1 double DVD Arthaus Musik).

Tout d'abord la scène immense, la grosse centaine de choristes, les fins danseurs gitans, les costumes chatoyants et les cigarières à forte poitrine vous en mettent plein la vue. On peut imaginer plus fin, mais on ne va pas aux Arènes de Vérone pour des mises en scènes épurées.

est une habituée du rôle de Carmen, et elle confirme à l'écran l'impact que nous lui avions trouvée sur la scène du Mariinsky en 2010. Pour n'avoir guère de sang gitan dans les veines, elle n'en a pas moins un sacré tempérament, et compose une Carmen de fer – plutôt que de feu. C'est , l'autre chanteuse russe du casting, qui apportera la touche la plus réellement émouvante de l'opéra. Elle habite intensément son grand air « Je dis que rien ne m'épouvante« . Le réalisateur Andy Sommer ne manquera pas de filmer sa bouleversante émotion à la fin de sa scène, lorsqu'elle recueille le triomphe mérité du public, encore toute habitée de son propre chant.

Entre ces deux maîtresses femmes, les hommes font pâle figure, ce qui n'est pas illogique dramatiquement. est un Don José bien simple, un homme violent mais faible, ballotté entre sa mère, sa fiancée, sa maîtresse, incapable de maîtriser ses sentiments comme son destin. Son manque de classe et d'allure n'en fait pas le plus séduisant des Don José, de ceux qu'on célèbre par une standing ovation, mais indubitablement il sonne juste, il joue juste. Dans le même registre,  en Escamillo est un fat, dont il n'est pas difficile de deviner la réelle vacuité.

En somme, un DVD qui ravira à coup sûr les spectateurs qui ont vu cette production, et qui saura plaire aux amateurs de grand spectacle populaire de qualité.

(Visited 1 206 times, 1 visits today)