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Les Traversées baroques en Pologne

À Dijon, un week-end en Pologne par à la découverte de compositeurs méconnus.

nous avaient donné l'occasion de découvrir en 2009 les œuvres de Marcin Mielczewski, compositeur polonais du XVIIe siècle. Aujourd'hui, ils nous dévoilent celles de qui témoignent des liens étroits qui existaient entre les cours européennes du nord et l'Italie, et celles de , originaire de Dantzig, voyageur et aventurier, baigné par l'ouverture sur le monde et les échanges culturels de cette époque charnière.

La soirée de samedi propose de mettre en parallèle deux « opus » italiens et ceux de Zieleński ; l'idée est judicieuse et permet d'entendre immédiatement l'influence évidente qu'exerce l'écriture en double, voire triple chœur, de sur le musicien polonais. La formation choisie par et oppose deux quatuors de solistes, un chœur féminin, deux claviers différents, orgue et clavecin, un consort de trombones, un de bois, dont des cornets à bouquins, et deux violons. Cet ensemble permet ainsi de varier les masses et les timbres, et c'est heureux : l'écriture religieuse de la Contre-Réforme est finalement assez austère, car la polyphonie en est complexe et possède ses recettes d'écriture.

L'équilibre sonore recherché par favorise les graves, et cela met les trombones magnifiquement en valeur, tant dans les passages instrumentaux comme par exemple dans la « Canzon de Gabrieli » que lorsqu'ils accompagnent les voix graves. Les cornets répondent aux voix en faisant des variations virtuoses du plus bel effet, comme dans « Posuisti ».

On remarque la voix très homogène du haute-contre et celle de la basse soliste expressive dans « Mitte manum tuum ». Dans « Laetentur coeli » et le « Magnificat » les effets d'écho font ressortir les différents groupes, et comme les pièces se terminent la plupart du temps par des « Alléluia », la virtuosité de ceux-ci est souvent étourdissante, tant à cause de l'abondance des vocalises que par la précision des interventions imbriquées les unes dans les autres. Il faut insister sur la netteté de la direction d'Etienne Meyer, au geste souple et efficace. On peut cependant regretter le son fade du chœur de femmes, trop timide en comparaison des autres groupes.

Les œuvres de , réservées ici à quatre solistes, quatre instruments à cordes, deux claviers et deux cornets, sont toutes d'une virtuosité étonnante, tant pour les voix que pour les instruments. On goûte sans réserve la technicité dont font preuve les interprètes : les vocalises à perdre le souffle sont omniprésentes. On pense à Carissimi comme dans « Confiteor tibi Domine », où les solistes peuvent faire enfin preuve d'une expressivité qui manquait un peu dans les œuvres complexes de Zieleński, dont l'Alléluia final est véritablement flamboyant. « Benedicam Dominum » fait dialoguer deux violons avec les voix de haute-contre et ténor, comme dans une danse bien réglée. « O Bone Jesu » exprime avec délicatesse la tendresse, et le « Beatus Vir « final souligne l'efficacité du travail opéré par , par la mise en place rigoureuse des changements de tempi, par la justesse des silences écrits pour casser le discours.

Le résultat de cette recherche sur la musique polonaise ancienne est donc plus que satisfaisant dans le domaine de l'instrumentation comme dans celui de la sûreté d'exécution. Choisir d'exposer en deux soirées distinctes deux compositeurs polonais méconnus en France est donc une idée originale. Mais Zieleński et Förster ont tous les deux des styles très homogènes, et un  concert entier consacré à chacun d'entre eux paraît parfois un peu long. Faudrait-il mélanger les deux répertoires pour obtenir plus de variété ? On casserait alors l'aspect pédagogique…

Crédit photographique : Les Traversées Baroques © Opéra de Dijon / Gilles Abegg

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