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Amandine Beyer et Pierre Hantaï se retrouvent autour de Bach

Grands interprètes de Bach, qu'ils ont joué en concert et enregistré ensemble, et se retrouvent pour un programme de sonates qu'ils connaissent bien.

Quelque peu éclipsées par les sonates et partitas pour violon seul, les sonates accompagnées, moins spectaculaires, offrent pourtant aux violonistes de très belles pages. L'art de la conversation musicale y est poussé à son sommet, non celle du violon avec lui-même, mais avec les deux mains du clavecin obligé.

Assis côte à côte, la violoniste et le claveciniste ont choisi de commencer par la sonate BWV 1017, probablement la plus connue, celle qui commence par le fameux air repris dans la Passion selon saint Matthieu, « Erbarme dich… ». Ils poursuivent par la BWV 1023, qui n'appartient pas au cycle publié des six premières sonates et où le violon, accompagné par une basse continue, se taille une part plus importante que dans les autres sonates, notamment dans un Presto inaugural arpégé qui rappelle furieusement les Sonates et partitas. Puis viennent la très belle BWV 1015, et la BWV 1019 qui est probablement celle dans laquelle les deux instruments dialoguent avec le plus d'éloquence, malgré un allegro central réservé au clavecin.

Tout au long du concert, fait admirer son jeu fin et racé, sa manière chantante et subtile. Elle compte parmi les violonistes qui possèdent si bien leur instrument qu'ils n'ont pas besoin de sourdine pour obtenir un son extrêmement ténu mais vivant. On pourrait croire qu'elle s'économise par moments, mais c'est pour mieux repartir dans l'énergie et le son plein, ainsi dans le presto de la sonate BWV 1015, ou dans le premier allegro, fugué, de la BWV 1017. Mais ce soir, c'est la délicatesse qui domine. Et celle-ci s'accorde à merveille avec le jeu précis et attentionné de . En dépit d'un instrument au son un peu sec quand il joue sur un seul jeu de cordes, la présence du clavecin est des plus complémentaire à celle du violon. Les choix de claviers en particulier sont faits à bon escient, comme dans l'Andante un poco de la sonate BWV 1015, où le contraste jeu simple à la main gauche et jeu de luth à la main droite, saisissant et inhabituel, correspond à une partition où les deux voix du clavecin disent des choses particulièrement différentes.

Un très bon moment en définitive, qui doit faire espérer la poursuite de cette brillante collaboration.

Crédits photographiques : et © classictoulouse.com

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