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Les délices du Printemps des arts de Monte-Carlo

Par la variété et l'excellence de sa programmation, le festival du est l'un des grands moments d'ouverture de cette saison. L'édition 2016 n'a pas failli avec, autour d'un cycle Mahler de grande envergure, créations et récitals. 

Comme chaque année depuis trente-deux ans, le Printemps des arts de Monaco éblouit ses auditeurs par une programmation inventive, variée et toujours exigeante, assurée par la curiosité infatigable de . Le troisième week-end de l'édition 2016 n'a pas dérogé à cette règle. Il s'est ouvert par un superbe programme de l'Orchestre philharmonique dirigé par son principal chef invité, . Les Histoires vraies de , commande du festival, étaient données en création mondiale. Cette suite concertante pour trompette, piano et orchestre est en fait une fantaisie inspirée à la compositrice par la demande des deux solistes, et Hakan Hardenberger ; la trompette s'y taille la part du lion (dans un entretien introductif, l'auteure, d'une remarquable jeunesse d'esprit pour une grande dame qui va fêter ses quatre-vingt dix ans cette année, trouvait d'ailleurs que le premier concerto de Chostakovitch était quant à lui trop déséquilibré en faveur du clavier) , tandis que le piano joue plus le rôle d'un provocateur en perpétuel mouvement. L'orchestre, renforcé quant aux percussions, apporte le décor sonore de cette page d'un abord assez immédiat et non dénuée de fantaisie.

En deuxième partie, l'orchestre seul a montré qu'il a conservé le niveau atteint grâce à Janowsky puis au regretté Kreizberg dans une très belle quatrième symphonie de Mahler, refusant tout effet ou tout fracas dans la symphonie la plus intime du compositeur viennois. Malgré certaines transitions encore malhabiles, la pureté du mouvement lent ou les échos d'enfance du premier mouvement se paraient d'une grâce touchante.

Le lendemain, une « nuit du piano » permettait de confronter deux pianistes exactement contemporains (nés en 1972 tous deux) mais que tout oppose. A la finesse et la réserve de , dont le récital alla crescendo et qui a donné successivement les fantasques Papillons de Schumann, les rares variations de Berio sur une cellule tirée du Prisonnier de Dallapiccola, la belle Sonate « quasi una fantasia » de Beethoven pour terminer sur l'admirable Fantaisie de Schumann, succéda . D'emblée, tout était différent, le piano, la salle plongée dans l‘obscurité et la volonté d'emporter l'auditeur dans son propre univers. Brahms laissait bien augurer, mais l'ultime et difficile sonate de Schubert a montré les limites de l‘exercice. Certes on admire la maîtrise des impalpables pianissimos, comme au début de l‘œuvre, qui semble sourdre du silence, et la puissance des fortissimos, mais la volonté d'exacerber les tempos finit par disloquer la continuité thématique de l'Andante, tandis que le Finale, déchaîné sinon débraillé, ne va pas sans quelques accidents de parcours. Ce chef-d'œuvre à la facilité technique trompeuse s'est jadis dérobé à Horowitz ou Rubinstein. Dommage que Volodos suive leurs traces, trop d'intentions et de recherches égarant l'auditeur malgré la beauté plastique évidente du résultat. L'impact sur le public a été immédiat mais il est permis de trouver Fellner plus proche des œuvres que Volodos, qui se déchaîna ensuite dans quatre bis, alternant sentimentalité et virtuosité pour la plus grande joie du public.

Enfin le dimanche après midi nous a valu un voyage surprise dans la merveilleuse église baroque de Breil, dans la vallée de la Roya, pour entendre, belle surprise en effet, l' dirigé par dans un magnifique programme d'œuvres sacrées du Moyen Âge (mention particulière pour l'étonnant Viderunt omnes de Pérotin). Retour enfin à Menton pour un concert électroacoustique relevant plus du théâtre musical que de la musique elle-même…

Crédits photographiques : (c) AH; (c) Alain Hanel; Voyage surprise (c) Jean-Michel Emporte

 

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