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Marc Coppey magnifie les concertos de Haydn avec les Solistes de Zagreb

Avec , dont il est le directeur artistique depuis 2011, propose une version musclée des deux concertos de Haydn, assortis d'un des trois concertos pour violoncelle de .

Depuis que le 1er concerto en ut majeur (1762), longtemps considéré comme perdu, a été retrouvé dans des archives du musée national de Prague en 1960, il forme avec le second en ré majeur (1783), une paire emblématique de l'écriture concertante classique pour violoncelle et chaque violoncelliste se doit de les inscrire à son répertoire.

Les différences stylistiques entre les deux ouvrages se comprennent par les vingt années qui les séparent. Marqué par l'enthousiasme de la jeunesse, l'ut majeur date des premières années de Haydn à la tête des musiciens du prince Esterházy. Il composa ce concerto brillant, qui surpasse les trois concertos pour violon de la même époque, pour le violoncelliste Joseph Weigl. La forme sonate y triomphe avec un mouvement final allegro molto à la virtuosité échevelée. Plus équilibré, le second concerto en ré majeur va plus loin dans l'exploration des possibilités techniques de l'instrument, plus porté vers la mélodie et le lyrisme. Il est dédié au violoncelliste Anton Kraft, qui fut le dernier de la chapelle Esterházy et Haydn travailla sans doute en étroite collaboration avec l'instrumentiste pour affiner les particularités techniques et expressives.

Mieux qu'avec des ouvrages contemporains de plus faible facture, a choisi de compléter le programme par un concerto antérieur de , considérant qu'il s'agit d'œuvres les plus marquantes pour l'instrument avant les deux bijoux de Haydn.

Plus que diriger, joue comme primus inter pares au sein de l'ensemble historique des Solistes de Zagreb, fondé en 1953 par le violoncelliste et chef Antonio Janigro. Une sorte de retour aux sources pour cet ensemble dont la renommée fut mondiale. Cela sonne typiquement « Europe centrale » avec des attaques vives, s'éloignant des conceptions dites « historiquement informées ». Marc Coppey qui se méfie d'une conception muséologique de la musique, dit qu'il appartient à une génération « post baroque », qui a intégré une grande partie des apports de la musicologie moderne. Les instrumentistes jouent des instruments modernes au diapason 442, avec toutefois des cors naturels pour un meilleur équilibre avec les cordes et les hautbois. Avec son impressionnante caisse, son Goffriler de 1711 n'en produit pas moins un son profond et somptueux d'une belle rondeur.

Cette version fortement personnalisée ne fera sûrement pas l'unanimité, mais cette vision d'un Haydn vigoureux, percutant et torrentueux sort des sentiers battus. Il souligne la veine populaire du compositeur, qui supplante l'image du bon « papa Haydn » policé, en livrée et à la perruque bien poudrée.

Ce beau disque ne saurait toutefois faire oublier l'engagement jubilatoire de la regrettée Jacqueline Dupré, qui enregistra ces chef-d'œuvre à 22 et 24 ans avec l'English Chamber Orchestra sous la baguette de Daniel Barenboim pour le premier et le London Symphony Orchestra placé sous la direction de Sir John Barbirolli, pour le second. Une référence de cœur absolue datant presque d'un demi-siècle.

Un regret éditorial : en l'absence de traduction française, il faut lire l'allemand ou l'anglais pour apprécier l'opinion de Marc Coppey sur ces œuvres dans un intéressant entretien avec le critique germanique Norbert Hornig.

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