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Les Arts Florissants font briller Brossard et Bouteiller

À la Cité de la Musique, et mettent leur excellence au service de deux compositeurs provinciaux peu connus de l'époque de Louis XIV.

Le public est quelque peu clairsemé, pour un programme en apparence austère convoquant non les auteurs du grand motet de cour (Lully, Couperin, Lalande…), mais deux compositeurs plus modestes et touchés par d'autres influences. , prêtre envoyé comme maître de chapelle à la cathédrale de Strasbourg récemment rendue au culte catholique, et , qui exerçait la même charge à Châlons-en-Champagne, s'y rencontrèrent d'ailleurs lors d'un passage du premier, qui en repartit avec une copie de la Missa pro defunctis qu'il légua à la postérité.

Soutenus par un orgue positif et une viole de gambe ( et , impeccables), les chanteurs commencent par trois motets de , enchaînés sans applaudissements comme demandé par en introduction. On est frappé par la richesse et la beauté de l'écriture, permettant aux chanteurs d'exprimer un large spectre de sentiments. Cela fait penser à Couperin, mais les influences italiennes sont plus fortes : si ce n'était la prononciation française du latin, on croirait par moments entendre du Monteverdi, ou même du Vivaldi, mais des parentés sont aussi à trouver dans le programme Lamentazione concocté par il y a quelques années.

Le motet Retribue servo tuo à quatre voix se démarque par la diversité des procédés employés, un peu à la manière du motet allemand de la même époque : chœurs, solos dans différentes configurations, passages a capella, fugues… La relative rigueur du texte n'empêche pas une certaine sensualité, notamment dans la voix de taille de . Dans le Miserere pour voix de femmes, le chœur, placé au balcon, alterne avec les deux solistes sur scène, qui offrent un très beau contraste de voix : assurée et bien assise chez , plus expressive chez . Le Stabat Mater, en effectif complet, se révèle très beau, très habité, et par endroit véritablement poignant.

Stylistiquement assez proche, la Missa pro defunctis (un Requiem) de révèle une écriture tout aussi subtile et recherchée. excellent tant à en exprimer la magnificence (comme dans l'Agnus dei, lumineux et éclairé de subtiles dissonances), qu'on en vient à souhaiter la réentendre dans l'acoustique d'une église.

Le faux bis (les paroles ont été imprimées sur le programme !), un court Ave verum de , réserve une dernière surprise : à quatre voix a capella, il évoque furieusement le choral protestant.

Crédits photographiques : Les Arts Florissants © DR

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