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Secession Orchestra au festival de Saint-Denis

L'ensemble à géométrie variable de proposait ce soir pour le Festival de Saint-Denis un concert lecture en compagnie de et .

À la fois habitué du Festival de Saint-Denis où il est en résidence depuis 2015, tout autant que des programmes croisés et mêmes des créations (version de chambre de la Passion selon Simone de Saariaho en 2014), l'ensemble avait choisi le thème « Correspondances » embrassant à la fois le journal des Schumann, des lettres de Wagner, Liszt et Baudelaire, jusqu'aux écrits de , le tout imagé de nombreux extraits musicaux.

Malgré un programme aux allures décousues mettant en parallèle (pour la littérature) des extraits des correspondances amoureuses de Clara et , des lettres lyriques autour de la création de Lohengrin signées Wagner, Liszt et Baudelaire ; mais encore des écrits quasi-érotiques d' jusqu'à la solitude de face à l'oppression nazie, en passant par l'humour débridé de Feydeau et des anecdotes drolatiques de Berlioz… Un programme qui apparaît sans queue ni tête, homogénéisé par de beaux interludes musicaux, dans lesquels la quinzaine de musiciens de (augmenté toutefois pour certaines pièces) nous a fait découvrir de touchants arrangements, permettant parfois de goûter des œuvres connues avec un sel nouveau et inattendu.

En effet, une grande partie de la saveur toute particulière de cette soirée résidait dans les délicats arrangements des œuvres du programme (le plus souvent signés par le chef lui-même). Des réécritures qui nous plongeaient dans une pratique courante au XIXe siècle, à savoir celle de faire entendre certaines œuvres orchestrales dans ces conditions d'une dizaine d'instrumentistes sur scène (une tradition rééditée par exemple lors de l'enregistrement en 2013 du Paradis Perdu de Théodore Dubois par les solistes des Siècles). Même si les pages de Wagner (Enchantement du Vendredi Saint tiré de Parsifal) et Ravel (La Valse) y perdent peut-être en volupté, cela n'aura pas été le cas des pièces de(s) Schumann, Mahler, Debussy, Schoenberg qui gagent par là d'une couleur tout à fait unique et remarquable. Des sonorités nous immergeant alors dans une forme de « goût d'une époque », même si le but de ce concert était ailleurs.

Un concert-lecture donc, où l'on se sera plus longuement appesanti sur la prestation d'un tout en finesse et intériorité, réussissant à happer totalement le spectateur lorsqu'il fut question d'interpréter une lettre de à , dont la puissance poétique n'aura été que plus intense dans cette lecture incarnée sans excès de pathos superflu.

Une soirée emmenée avec enthousiasme par le chef , artisan d'un concert imaginé comme un véritable spectacle, une volonté que l'on ne pourra que saluer.

Crédit photographique : © FSD 2016 / Ch. Fillieule

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