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Anne Teresa De Keersmaeker transfigure sa Nuit en version duo

recrée La Nuit Transfigurée de Schoenberg dans une version pour deux danseurs. Un duo austère, épuré et authentique.

C'est une chance exceptionnelle que de voir dans la même saison, à quelques mois d'intervalles, deux versions de la même pièce par des compagnies différentes. La version originale de La Nuit transfigurée, celle de 1995, a été transmise au Ballet de l'Opéra de Paris en octobre 2015. Cette version que crée aujourd'hui pour sa propre compagnie, , revisite jusqu'à l'épure ce geste initial.

Pas de forêt, ici. La nuit profonde est traversée par le puissant éclairage de la lune (c'est un projecteur unique qui assure cet effet). Le vaste plateau du Théâtre de la Ville est nu, dégarni, impressionnant. Pas d'artifice non plus du côté des costumes : une simple robe en soie, un peu fanée, et un complet pour l'homme, font ressembler ce couple seul en scène (ou presque) à Monsieur et Madame tout le monde.

Le propos de la pièce, inspiré d'un poème de Dehmel, n'en est que plus universel et plus troublant : confronté à l'aveu de sa compagne, un homme accepte d'élever l'enfant d'un autre. Au début, ce couple de circonstances se cherche, s'éprouve. Il se lance ensuite dans de larges parcours, traversant jusqu'à l'épuisement les diagonales du plateau, esquissant des spirales ascendantes ou descendantes, s'encastrant dans des portés audacieux. Pour sa gestuelle, s'est inspirée des sculptures de Rodin et, plus trivialement, d'un manuel d'aide à l'accouchement. Ses interprètes, au physique banal, incarnent « le » couple, éperdu d'amour et de reconnaissance.

Dans cette version très épurée, austère, Anne Teresa De Keersmaeker revient aux sources de son inspiration, en contrepoint du romantisme échevelé de la musique – version pour orchestre de la partition de Schoenberg. Plus authentique, mais peut-être moins poignant…

Photo : © Anne Van Aerschot

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