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Stéphane Denève dans Ravel, encore excellent

En quelques années, aura conquis une place enviable dans le monde très concurrentiel de la direction d'orchestre. Sa réputation internationale résulte d'une hyperactivité conquérante et d'une fine compréhension du répertoire abordé et défendu. Il confirme ici sa sympathie pour la musique orchestrale de Ravel.

À la tête de l'Orchestre SWR de Stuttgart (et de l'Ensemble choral de la même ville) il sort un troisième enregistrement de l'œuvre orchestrale de (lire notre critique du premier). Il s'attaque à la suite de Daphnis et Chloé dont on n'a pas oublié l'enregistrement épatant de pour Decca. De très nombreux autres chefs de toutes origines ont défendu cette superbe partition commandée par Diaghilev pour les Ballets russes sur un argument du chorégraphe Fokine. La création se déroula le 8 juin 1912 sous la direction inspirée du même Monteux. Après un démarrage mitigé s'imposa un franc et durable succès. Cette musique, « d'une beauté sidérante qui d'une certaine manière  canalise tout l'art de Ravel, chirurgien maniaque de la plastique sonore » (David Sanson), exige mille nuances, de délicats et sensuels murmures avant d'aboucher à l'exultation irrésistible du  « Lever du jour » et de la « Danse générale » concluant la dernière partie. Denève maîtrise le flux sonore parfois un peu monotone et placide avec dextérité et assurance.

« Le titre de Valses nobles et sentimentales indique assez mon intention de composer une chaîne de valses à l'exemple de Schubert… [Elles] furent exécutées pour la première fois au milieu des protestations et des huées au concert de l'auteur de la S.M.I. », rappelle le créateur qui avait sélectionné en épitaphe en 1911 ces mots de Henri de Régnier : « Le plaisir délicieux et toujours nouveau d'une occupation inutile ». L'orchestre et le chœur allemands de Stuttgart déploient toute leur sensualité, leur ductilité et leur beauté méditative dépourvue de sentimentalité pour édifier, sous la baguette d'un des très grands chefs de notre temps, une traduction proche de la référence absolue.

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