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Jérémie Rhorer, dans son premier opéra de Mozart au disque

Hasard des calendriers, L'Enlèvement au Sérail a fait l'objet de pas moins de trois parutions discographiques en l'espace d'un an.

Après les témoignages de Yannick Nézet-Séguin (Deutsche Grammophon) avec un cast de luxe et René Jacobs (Harmonia Mundi) dans ce Singspiel créé en 1782, c'est au tour de de se pencher sur l'opéra de Mozart qui eut le plus de succès du vivant du compositeur. Il s'agit d'une version de concert enregistrée par Radio France en septembre 2015 au Théâtre des Champs-Elysées, dans le prolongement de représentations scéniques données au Festival d'Aix-en-Provence.

Dans cette production parisienne, la distribution, à majorité anglo-saxonne, composée de jeunes chanteurs, est assez homogène, les interprètes pris individuellement laissant néanmoins une impression contrastée. Malgré leurs qualités expressives évidentes, les timbres de voix sont assez impersonnels et ne passionnent guère, excepté d'une part l'impeccable Pedrillo du ténor , d'autre part la prestation convaincante de dans le rôle d'Osmin. Les autres solistes ne déméritent pas, loin s'en faut, mais des aigus forcés, des vocalises pas toujours bien négociées, un style laissant parfois à désirer nuancent de notre point de vue l'intérêt de cette nouvelle parution. C'est d'autant plus dommage qu'à la tête de ses musiciens du Cercle de l'Harmonie, , fin mozartien, fait des merveilles : alerte, nerveuse, riche en relief et en nuances, sa direction rend palpable la théâtralité de l'œuvre qui oscille perpétuellement entre les registres comiques et tragiques.

Le principe selon lequel un beau concert ne fait pas forcément un disque indispensable se vérifie à nouveau ici. Les versions « historiques » laissées notamment par Ferenc Fricsay, Karl Böhm et Sir Georg Solti ne sont toujours pas prêtes d'être détrônées.

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