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Rare programme Lindberg-Debussy par Mikko Franck

Une belle pièce post-romantique de  en ouverture, deux facettes chorales et symphoniques plus exigeantes de avant une conclusion plus appaisée avec Debussy, composaient un programme rare et raffiné dirigé avec conviction par un en harmonie avec les musiciens de l'.

Entre (chefs-d')œuvres rabâchés ad nauseam et œuvres rares qui font peur au public, le chemin est étroit pour les orchestres symphoniques. s'attache à amener le public français à découvrir les grands compositeurs nordiques vivants qu'il dirige magnifiquement, et il a raison. Il va falloir du temps et de la persistance de la part des programmateurs pour que le public « simplement » mélomane retrouve de la confiance, et le concert de ce soir est une étape sur ce long chemin.

On commence en douceur avec Apotheosis d', belle pièce en arche tirée en 1992-1996 du dernier mouvement de la Symphonie n°6 « Vincentiana », cette dernière nourrie de son opéra Vincent, c'est à dire Vincent van Gogh composé en 1990. On aurait pu s'attendre, vu le thème, à une musique expressionniste et tragique, le résultat est une belle intensité pastorale.

La pièce centrale du concert est Graffiti de , une des rares pièces chorales du compositeur finlandais, datant de 2009. Les graffiti en question sont ceux retrouvés à Pompei, tour à tour prosaïques, administratifs, obscènes ou philosophiques, et unifiés par une tonalité globalement sombre et solennelle, ponctuellement cinglée d'éclats orchestraux. Par l'emploi d'un chœur en latin, Lindberg rend hommage au Stravinsky de la Symphonie de psaumes, la tonalité évoquant les Noces. Le procédé consistant à enchaîner des textes de graffiti hétérogènes sans solution de continuité ou de progression dramatique évident était risqué, même si – comme l'a fait Lindberg – les aspérités sont lissées dans un flux musical unifié. Il y a un climat, mais il n'est pas évident pour l'auditeur de trouver son équilibre entre diversité et unité. L'œuvre avait été enregistrée dès sa création et saluée par une Clef ResMusica (1 CD Ondine).

En seconde partie, revenait avec Arena, pièce de 15 minutes composée en 1995 pour un concours d'orchestre dont la virtuosité n'exclut pas l'impact dramatique. Le compositeur, présent dans la salle, n'a pas été salué avec une chaleur excessive en dépit de la qualité de l'interprétation par un Philharmonique heureux de jouer cette musique avec , sans doute le prix à payer pour un répertoire accessible mais encore neuf.

En conclusion, les fragments symphoniques du Martyre de saint Sébastien de fermaient ce concert original, abordable mais ennemi du clinquant, par une couleur essentiellement méditative.

Crédit photographique : Jean-François Leclercq

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