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Le Requiem de Verdi à Lyon, des limbes au paradis

Quelques regrets, mais surtout de belles impressions, dans le Requiem de Verdi que dirige .

Des solistes d'envergure, des chœurs solides, un chef expérimenté, ont tous besoin d'échauffement. Qu'elles sont redoutables, ces premières mesures sotto voce d'un Requiem que l'on associe plus volontiers aux déferlements furieux du « Dies irae » ! La ligne introductive des violoncelles est splendide de tristesse austère, mais le chœur – effet pervers de la pléthore de chanteurs et de leur répartition par pupitres – entonne trop bas, et l'irruption du « Te decet hymnus », noté forte, mais timbré sans retenue, offense presque la pudeur. Guère moins prosaïque est l'entrée des solistes sur le « Kyrie » : on sent que tous ces musiciens peinent à trouver le ton.

Fort heureusement, la Séquence marque le début d'une suite de révélations. Même s'il n'avait pas démérité, l'orchestre étonne par sa maîtrise dans la virtuosité du « Dies irae », et plus encore dans les jeux de cuivres hors scène du « Tuba mirum », d'une impeccable précision rythmique, et auxquels l'acoustique de la grande salle de l'Auditorium rend toute justice. C'est un bonheur de voir l' si alerte et inspiré, même dans un répertoire auquel il est moins accoutumé.

Les individualités se heurtent et se subliment
Les quatre solistes eux aussi réservent d'agréables surprises. Certes, ils peinent à harmoniser leurs voix pour obtenir, dans le « Lacrymosa » par exemple, la justesse et à la limpidité de son qu'appelle l'écriture de Verdi. Mais l'on oublie vite ces quelques grincements : la mezzo est admirable dans le « Liber scriptus ». La texture de sa voix, souple, chaleureuse et sans affectation, magnifie sa diction, et convient au mieux à la sobriété d'un requiem. , en voix de basse, semble moins dominer la partition, mais ses soli, pourtant, emportent l'adhésion : halètements inquiétants du « Mors stupebit » qui évoquent les créatures rampantes du Tartare, ou prière sincère du « Confutatis », personnelle et ardente.

Seul déçoit en fait le ténor coréen , dont les aigus semblent régulièrement forcés. Car enfin, le triomphe est celui de la soprano qui, après un début modeste, éblouit dans le « Libera me » final. Prise dans les rets de la fugue du chœur ou planant au-dessus des harmonies du « Requiem », susurrant des récitatifs angoissés, mais toujours intelligible et nette, sa voix intrigue et envoûte ; c'est une voix que l'on n'oublie pas.

Crédit photographique : © Gisela Schenker

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