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Le Macbeth de Plácido Domingo à Los Angeles

offre son Macbeth à la compagnie dont il est le Directeur Général.

La mise en situation de ce Macbeth satisfera, puis ralliera les plus hésitants. Darko Tresnjak (4 Tony Awards, petit chéri de Broadway) travaille ici, il est vrai, aidé en cela de Colin McGurk, sur ses propres décors, souvent pertinents, souvent astucieux, malléables et accommodants, aisément manipulés, aisément manœuvrés, sombres et inquiétants, sinistres (pour les forêts et coupe-gorge), lumineux (pour les palais). Un ou deux faux pas : que viennent donc faire ici, par exemple, ces grosses têtes montées sur courtes pattes (une relecture ?) et qui nous transplantent ainsi soudain au carnaval de Cassel ?

Tresnjak travaille également sur les costumes parfois agressivement noirs et loqueteux (Macbeth ou MacDuff), souvent colorés, pourprés, voire rutilants (Lady Macbeth, courtisans et foules) de Suttirat Anne Larlarb. Il peut alors privilégier, avec perspicacité, sagacité et flair, le mouvement, la fluidité, la liquidité ainsi que l'agitation, l'effervescence ou la passion de l'Histoire. Et puis il y a les sorcières ! Elles s'incrustent en effet partout, de bout en bout du drame, dissimulées, camouflées, sous les tables et les trônes, dans les encoignures et recoins du décor, accrochées aux murs, échevelées, ébouriffées, queue à l'air, grimaçantes et désordonnées. Ce sont elles, partie prenante, qui se battront manu militari lors des accrochages, des affrontements qui verront la chute, puis la mort de Macbeth. Ce sont elles qui conduisent le bal et le contrôle froidement. Effrois, terreurs, épouvantes, judicieusement « construits » dès les premiers instants par un survolté, sur tendu, électrique, accompagneront ces dames tout au long de cet échec annoncé qu'est la vie de Macbeth.

Le travail du metteur en scène s'en trouvera ici facilité par cette énorme bête de scène qu'est … qui se jette à bras le corps dans cette nouvelle production qu'il découvre avec nous puisque depuis trois ou quatre semaines, il ne cesse de galvauder et ténoriser ainsi, de Pékin à Los Angeles, de Séoul (entre deux représentations in loco (!)  à Hermosillo, ce Macbeth qui, malgré les aléas d'un calendrier embouteillé et saturé, convainc. Que voilà donc un timoré, un pleutre, incapable de résister à sa Lady qui, elle, l'aura si bien évalué…Il faudra cependant attendre le Pietà, rispetto, amore, puis le Mal per me che m' affidai pour retrouver pleinement le rythme, le souffle, la faconde d'un Domingo éloquent, luxuriant et opulent. Hélas ! gauche et figée, comme pétrifiée, hors sujet lorsqu'elle s'initie au drame, , choisie à Valence par Domingo soi-même où il y chantait Macbeth, déçoit fortement, vocalement mal à l'aise avec des aigus disgracieux, souvent arrachés de force et des graves éteints et inexpressifs. campe un Banquo impeccable, accompli et Arturo Chacòn-Cruz, un parfait MacDuff.

Les chœurs, irréprochables, savent enjôler et captiver. , quant à lui, alerte, aux écoutes, vigilant, attentif aux moindres inflexions de ses solistes demeure de bout en bout le maître absolu souverain, de cette représentation.

Crédits photographiques : © Karen Almond / LA Opera

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