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A Genève, le vibrant violoncelle de Andreas Brantelid

Traditionnellement, à pareille date, la Confédération Suisse, la Ville et le Canton de Genève offrent un concert de l' aux délégués de l'Organisation des Nations Unies pour souligner l'anniversaire de la création de cette institution le 24 octobre 1945.

Après les quelques discours de circonstance, le chef slovène entame le concert avec l'ouverture de Lohengrin de . Dès les toutes premières mesures, un malaise parcourt cette page musicale. Les violons de l' semblent incapables de jouer le pianissimo du début de cette partition. Ça flotte, ça se dilue dans des hésitations, des imprécisions, des incertitudes qui bientôt se répercutent sur l'ensemble de l'orchestre. De son pupitre, le chef peine à ramener l'ensemble dans la cohérence. Nous sommes loin de la qualité de l'orchestre que Marek Janowski avait laissé au public genevois à l'issue de ses sept ans (entre 2005 et 2012) à la tête de la phalange romande.

Fort heureusement après ces minutes peu glorieuses et applaudies poliment par un public décontenancé, le jeune violoncelliste redore l'ambiance en offrant une superbe interprétation du Concerto pour violoncelle et orchestre de Sir . Abordant l'œuvre avec lyrisme, sans apparente volonté d'imposer une vision complexe, il nous emmène dans un univers d'intense profondeur, dans un monde de douceur. Avec une autorité étonnante pour son jeune âge, il porte l'œuvre dans un état vibratoire extraordinaire qui rapidement gagne un retrouvé avec un chef attentif à donner le meilleur accompagnement à son soliste. Avec le bras de son archet couvert jusqu'au poignet, alors que celui des cordes est dénudé jusqu'au coude, démontre une grande décontraction de jeu. Décontraction qui n'empêche aucunement d'être habité par cette musique dont il s'imprègne totalement. Avec une sonorité instrumentale superbe, une conduite de l'archet sans à-coups aucuns, il subjugue l'auditoire par son aisance instrumentale, l'élégance de son langage corporel. En d'autres occasions, son interprétation aurait été ovationnée jusqu'au délire. Mais, le public, probablement encore sous le choc des débuts incertains du concert, a quelque peu perdu de son influx d'enthousiasme et réserve un accueil généreux mais mesuré à cette exceptionnelle prestation.

L'implication émotionnelle du public peut se mesurer après l'interprétation du Till Eulenspiegels lustige Streiche de qui clôture la soirée. Si l'Orchestre de la Suisse Romande est aux ordres, la direction de n'a pas pu l'emporter dans l'expressivité orchestrale enjouée et chargée de l'humour que comporte la partition de Strauss. Confondant parfois forte avec bruyant, le chef slovène n'a pas su porter cette partition avec enthousiasme.

Hormis l'admirable prestation du violoncelle de qui a su amener l'Orchestre de la Suisse Romande dans ce qu'il peut avoir de meilleur, ce concert reste décevant.

Crédit photographique : © Marios Taramides

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