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Otello sauvé par la Desdemona de Sonya Yoncheva

L'immensité d'ouverture de scène du Metropolitan Opera de New-York se prête particulièrement à un opéra aussi spectaculaire que Otello de .

Dans sa mise en scène, l'a bien compris avec l'imposante scène d'ouverture, ses projections vidéo de la tempête, de la mer démontée d'un effet saisissant. Dommage que les chœurs du Metropolitan Opera restent aussi statiques. Pourtant vocalement habités, ils impressionnent. Tout comme l'énergie éclatante de la brillante direction d'orchestre de .

Entre les scènes de masse et celles d'intimité, la mise en scène de cet opéra reste toujours compliquée. Cependant, avec ses panneaux glissants de part et d'autre, la grande place du port se transforme petit à petit, et sans inutiles interruptions, en intérieurs du palais d'Otello. La transparence des décors, leurs éclairages participent subtilement à l'intrigue dans le sens où ce décor donne aux protagonistes le moyen de participer à l'action passée tout en épiant les faits et gestes de l'autre.

Incongruité à relever, pour d'obscures raisons (peut-être en relation avec les épineux problèmes raciaux qui secouaient les Etats-Unis l'an dernier) l'Otello du metteur en scène n'est pas le Maure basané de Verdi ou de Shakespeare. Il est un homme blanc en vêtement de cuir et chemise noirs. Un costume éclairant une puissance brutale plutôt que de la noblesse historique du rang du général Otello, gardien de la mainmise de Venise sur Chypre. Toutefois, Otello raconte un drame de la jalousie, un défaut qui n'est pas, à l'évidence, l'apanage des seuls hommes de couleur. En outre, en transposant l'intrigue au début du siècle dernier, le discours de ne colle plus avec les mots du livret de Verdi et encore moins avec ceux de Shakespeare.

D'autant plus que est un Otello sans noblesse et le Iago de plus brutal que vicieux. Manquant d'italianité, leurs jeux se parent d'une froideur loin de la subtilité du livret de Arrigo Boïto. Vocalement, ils déclament plus qu'ils n'interprètent semblant oublier qu'ils chantent un opéra de Verdi l'Italien et non une œuvre torturée de Janáček !

Le plus grand plaisir de ce DVD vient incontestablement de l'écoute de la voix sans faille de la soprano bulgare (Desdemona). Même si elle n'est pas théâtralement trop bien dirigée, elle capte l'attention avec sa magnifique ligne de chant, ses aigus admirables et son assise vocale impressionnante. Elle seule réussit à susciter de grands instants d'émotion. Sa bouleversante interprétation de son Esterrefatta fisso du troisième acte, ou sa Canzone del salce comme le célèbre Ave Maria, piena di grazia du dernier acte, suffisent à eux seuls l'achat de cet enregistrement.

Parmi les rôles de comprimari, à signaler la remarquable la prestation de la basse (Lodovico) et la très belle présence de la mezzo soprano américaine (Emilia).

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