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Edward Elgar et la Première Guerre mondiale

et le signent une version de référence des Variations Enigma et proposent la première discographique de la rare trilogie de guerre Carillon / Une voix dans le désert / Le drapeau belge avec récitant en français et où la soprano se distingue avec ferveur et dignité.

La relation de l'excellent chef d'orchestre britannique avec la Belgique n'est pas fortuite par rapport au programme de ce disque, puisqu'il fut de 2009 à 2015 premier chef d'orchestre invité de la Philharmonie Royale de Flandre (de Filharmonie) avec laquelle il a participé à une série de disques de cet orchestre, et que le programme Elgar qui nous concerne, auprès de deux œuvres bien connues, met en valeur trois pages qui le sont moins, basées sur des textes du poète belge (1878-1953).

Il s'agit en fait d'une sorte de triptyque pour récitant et orchestre, contribution d'Elgar à l'effort de guerre en hommage et soutien de sympathie à la Belgique qui, malgré sa neutralité, fut envahie par l'Allemagne le 4 août 1914. Une Voix dans le Désert op. 77, la deuxième de ces pièces, la plus bouleversante, s'adjoint un chant d'espoir et de confiance de soprano solo qui s'élève du paysage de destruction et de désolation de la Flandre : il est ici restitué avec ferveur et dignité par la soprano lyrique anglaise . Si cette trilogie fut enregistrée à plusieurs reprises, notamment par Pearl et Somm, toujours avec un récitant en anglais, la version actuelle est la toute première à nous restituer le texte original en français d' (sa femme, Tita Brand (1879-1964), en assura la traduction en anglais). Toutefois, alors que toutes les interprétations, y compris celles gravées par Elgar lui-même, font appel à un récitant, on peut ici se poser la question de l'opportunité d'une voix de femme () dont on eût préféré en l'occurrence plus de sobriété et de naturel dans la diction vu la gravité du sujet.

Mais finalement c'est le véritable héros de cet enregistrement : jamais les Variations « Enigma » op. 36 ne se sont déployées avec autant de noblesse et de grandeur (la variation n°9, Nimrod, si souvent jouée de manière grandiloquente, est ici d'une simplicité réellement émouvante, sans la moindre emphase : éloquence, et non grandiloquence). Le chef parvient à leur conférer avec un naturel confondant l'évidente et nécessaire unité qui glorifie ce chef-d'œuvre, ainsi que la grandeur requise lorsque nécessaire, notamment dans le magnifique Finale E.D.U. où l'orgue marqué ad libitum (en fait à valeur d'obbligato !) est bien présent et enfin audible. La magnifique Ouverture de concert In the South « Alassio » op. 50 bénéficie d'un traitement semblable qui lui est tout aussi favorable : il suffit d'écouter le fameux Canto Popolare central joué au violon alto solo, véritable oasis de fraîcheur dans ce vaste poème symphonique de 23 minutes qui évoque Richard Strauss, pour être totalement conquis. Et décidément tous les orchestres de la BBC sont des joyaux, et celui d'Écosse ne fait certainement pas exception !

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