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Droit au paradis avec La Péri et Daniel Harding à la Philharmonie

Avec cette performance du Das Paradies und die Peri, on est en droit de considérer que le début de saison du nouveau directeur musical de l' est un franc succès. En proposant deux oratorios de Schumann rarement joués (la prise de fonction de s'était faite en septembre dernier avec les Scènes de Faust), le chef britannique affiche clairement de hautes ambitions pour l'.

Le souvenir de la prestation de Sir Simon Rattle et Sally Matthews était encore bien présent dans nos mémoires avant d'écouter de nouveau Das Paradies und die Peri à la Philharmonie de Paris, l'une des partitions les plus lumineuses de Schumann où l'interprétation y est pour beaucoup dans l'impression ressentie à son écoute. En effet, même si cette œuvre se compose d'instants musicaux sublimes, la dramaturgie répétitive des trois tableaux de ce livret peut susciter une certaine monotonie.

L'Inde lointaine, l'Égypte et le temple du Soleil dans la vallée de Baalbeck constituent le cadre enchanteur de ce conte initiatique oriental où chassée du Paradis, une Péri (l'équivalent d'une fée dans les légendes persanes) tente ardemment de trouver une offrande digne des dieux pour regagner la douceur des sphères. Après deux essais non concluants, ce seront les larmes d'un criminel syrien repenti à la vue d'un enfant en prière qui lui permettront d'obtenir ce qu'elle aura tant désiré.

Avec une classe so british (nœud papillon inclus !), démontre un parfait contrôle et une formidable énergie pour faire résonner cette musique poétique de façon claire et intelligible à travers une ampleur orchestrale totalement juste. Par le biais du discret orientalisme de Schumann suggéré par d'heureuses combinaisons sonores et de subtiles harmonies, l' déploie une structure musicale d'une étonnante fluidité où le rapport du récitatif et de l'air s'efface au profit d'un arioso mélodieux, annonciateur de « la mélodie infinie. » De son côté, le chœur sera à l'origine des moments les plus intenses de la soirée, notamment une première intervention exceptionnelle où se dégageait une force et une émotion allant bien au-delà des mots.

Le plateau vocal correspond, quant à lui, à la perfection absolue. Seule détentrice du rôle vocal et psychologique évolutif dans cette œuvre, dispose d'une voix légère autant que veloutée. Sa pureté d'émission est aussi surnaturelle que son personnage, dans un large ambitus ne faisant pas défaillir un seul instant la belle soprano. Assurant les deux rôles de ténor suite à l'absence d'un souffrant, sera très présent durant ce concert. Placé à côté du quatuor ou devant l'orchestre selon son rôle, la diction est soignée, la projection est nette. L'aisance et l'autorité feront la force de cet excellent narrateur.

De son côté, même s'il ne chantera que trop brièvement au regard de ses qualités interprétatives malgré son monologue dans la troisième partie, marquera les esprits tout comme l'Ange incarné par l'élégante . La mezzo-soprano détient une voix solide et sonore employée dans une finesse d'interprétation sans pareil.

Que ce soit l'orchestre, le chœur où les solistes, comment résumer cette soirée à la Philharmonie de Paris ? Sublime, tout simplement…

Crédit photographique : © Julian Hargreaves

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