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Héroïnes combatives avec Elīna Garanča

Belle série de portraits féminins avec le mezzo-soprano pulpeux et stylé d'. Si la caractérisation manque peut-être de personnalité, la beauté vocale reste néanmoins au rendez-vous.

Spécialiste surtout des rôles  belcantistes italiens, où son mezzo-soprano à l'aigu facile et sa technique accomplie font merveille, semble se diriger aujourd'hui vers de nouveaux répertoires. Ce nouveau CD dessine ainsi les pistes et les orientations qui pourraient se présenter pour la grande cantatrice lettone.

De l'opéra français, ce sont sans doute Werther et Mignon qui s'imposent comme les choix les plus pertinents pour cette voix souple et homogène ; Garanča a d'ailleurs déjà fait ses preuves dans Charlotte à Bastille en 2016. Sans doute faudra-t-il attendre encore quelques années pour l'Hérodiade de Massenet, dont les éclats dramatiques pourraient prendre à rebrousse-poil un instrument qui, au final, reste essentiellement lyrique. Sans doute Dalila est-elle également trop contralto pour constituer un rôle d'élection pour la jeune cantatrice. Si Bumbry et Verrett n'avaient pas forcément un instrument plus adéquat, elles faisaient preuve néanmoins de davantage de volupté et de sensualité. Nous avons connu aussi des Didon qui affichaient les mêmes qualités de légèreté que Garanča (Susan Graham, notamment), et c'est avec impatience que nous attendons cette future prise de rôle. De Verdi, la belle mezzo-soprano se cantonne sagement, pour le moment, dans la Preziosilla de La forza del destino, et de la princesse Eboli elle n'aborde que la chanson du voile, qui permet de mettre en valeur son art consommé de la colorature. Prudente décision ! Privée des moyens torrentiels d'une Cossoto, d'une Simionato ou d'une Obrastzova, Garanča propose une Laura de La Gioconda ou une Principessa di Bouillon moins matronante qu'à l'accoutumée Elle se fourvoie en revanche dans le « Io son l'umile ancella » d'Adriana Lecouvreur, car même si elle en a les notes, elle n'en a pas les couleurs vocales. Au rang des raretés, on se réjouit d'entendre des extraits du Henry VIII de Saint-Saëns ou de La Bohème de Leoncavallo. Le titre « revive » de l'album, dont on croit comprendre qu'il est censé évoquer des fortes figures féminines qui se sont toujours redressées, pourrait tout aussi bien suggérer la résurrection de ces deux ouvrages, que nous appelons de nos vœux.

La direction efficace de , à la tête du moins efficace , complète cet assemblage de portraits fort réussis, mais dont nous ne percevons pas forcément l'unité et la cohérence d'ensemble. Mais nul doute qu'à la scène saura faire vivre ces héroïnes auxquelles elle continuera à donner toute la classe et tout le panache vocal auxquels elle nous a toujours habitués.

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