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Improbable récital Schubert avec Natalie Dessay

Notre grande colorature française se fourvoie dans un répertoire qui ne lui convient guère. À quand le prochain rendez-vous pour de nouvelles aventures musicales ?

Après avoir renoncé aux planches d'opéra qui ont fait sa réputation, après s'être essayée au cinéma, au théâtre, à la radio, au jazz, à la chanson française, à la comédie musicale, à la narration etc., se découvre aujourd'hui une âme schubertienne. En résulte ce décevant album, qui affiche le pire outrage dont on pourrait affubler le compositeur autrichien : l'artifice et l'excès de sophistication, là où il y a besoin d'évidence et de simplicité. Défaut qu'on a parfois reproché à des grandes chanteuses du passé, Schwarzkopf en tête, qui elles, au moins, avaient une ligne vocale…

Ici, l'usure des moyens transparaît dès le premier numéro avec ce chant anémié qui confère à Dessay des sonorités de petite fille ; elle devient criante dès Du bist die Ruh, où les tentatives de crescendo se transforment en un vibrato intempestif, inadmissible dans une page qui a été marquée par les plus grandes chanteuses. Tout dans le CD n'est pas déshonorant, et l'on peut rester sensible aux qualités de diction de Dessay. Ses Erlkönig et Gretchen am Spinnrade ne manquent pas de théâtralité, mais que peuvent-ils apporter dans une si riche discographie ? Si l'on est admiratif du piano de , qui confère au disque une certaine tenue musicale, on trouvera la clarinette de totalement hors de propos. Bref, un CD qui n'apportera pas grand-chose aux amoureux de Schubert et qui sans doute décevra les admirateurs de Dessay. Pour inconditionnels, uniquement.

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