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Daniel Harding clôture sa première saison avec la Résurrection à la Philharmonie

Après avoir dirigé les Cinquième et Dixième Symphonies de en 2016, choisit de clôturer sa première saison à la tête de l' avec la Deuxième, avant de rouvrir la suivante dès septembre par la numéro Six. La Résurrection démontre encore une fois une formation française aguerrie à cette musique, surtout lorsqu'elle trouve un directeur musical aussi précis face à elle, mais l'œuvre peine à s'élever par cause d'absence de ligne de tension, tant dans la globalité que dans les parties.

L'Allegro Maestoso contient tout ce que l'on peut attendre de splendeur dans les bois de l', avec un magnifique duo hautbois-cor anglais en milieu de mouvement et des graves charnus dans les cordes dès l'accord introductif, les groupes de violoncelles et contrebasses étant chacun renforcés de deux pupitres par rapport à un effectif classique. Pourtant, le discours a du mal à démontrer autre chose qu'une belle maîtrise d'orchestre, avec d'impressionnants crescendos dont se démarquent déjà les cors et les trompettes, les premiers musiciens de chaque groupe rendant grâce à leurs soli tout au long de la soirée.

La Symphonie n° 2 de Mahler nécessite cependant plus pour réussir à passionner dans un corpus en forme de Neuvième de Beethoven, avec grand chœur et solistes lors du Finale. Il faut y agencer un premier mouvement révolté tiré du poème symphonique Todtenfeier avec un deuxième plus souple, avant les deux suivants issus du recueil des Knaben Wunderhorn, puis un dernier d'après le poème Aufersteh'n (Résurrection) de Klopstock. Il ne suffit donc pas pour soulever cette partition de s'asseoir comme le fait le chef anglais après le premier mouvement, dans le but de respecter un moment de recueillement certes écrit de la main de Mahler sur la partition, mais bien peu adapté de nos jours, surtout quand l'orchestre en profite pour se réaccorder et le public pour se racler la gorge.

L'Andante Moderato suit cette étrange pause et ne procure aucune sensation, sauf celle d'un lyrisme construit à coup de gestes nets et froids, sans passion et dont le seul but semble être de maintenir un agencement solide de l'ensemble, duquel se démarque la superbe tenue des cordes, maintenant aussi à l'aise pour jouer cette musique qu'un orchestre allemand. In ruhig fließender Bewegung retrouve plus de ferveur, mais ni ironie ni second degré dans ces pages tirés d'un lied où le pâtre tente d'inculquer les bonnes manières aux poissons. On remarque toutefois une excellente flûte solo en plus du hautbois, et des percussions précises, presque trop pour les timbales.

L'Urlicht permet de profiter de la présence de la magnifique alto , dont la voix parfaitement posée dans le grave n'empêche jamais une véritable clarté et surtout une ligne de chant droite, en plus d'une articulation associée à une expression bien plus émotionnelle que le soutien de l'orchestre. Ses interventions dans le Finale passionnent tout autant, la hissant au-dessus de la soprano , moins nette dans la diction et plus distante face au texte, en plus de récupérations mal assurées des phrases introduites par un Chœur de l' qui fête ses quarante ans ce soir. Celui-ci débute assis pour porter le texte du poète allemand avec une véritable émotion, intervenant après une dernière partie symphonique particulièrement impressionnante dans la maîtrise des effets dynamique sous la baguette de . Jamais les crescendos ne saturent, ni à l'orchestre ni au chant, les choristes debout pour la coda procurant vigueur et passion à ces derniers instants, quand la fanfare en coulisse auparavant ravit tout autant que les réponses des instruments solistes sur la scène de la Philharmonie. On pourra assurément soumettre l'idée qu'il s'agissait d'un bon concert, mais de là à parler de résurrection…

Crédit photographique : © Julian Hargreaves

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