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Avec Ombre et Lumière, Bruno Bouché fait ses adieux à sa compagnie

C'est sur la Grande scène du Chesnay que quitte avec émotion la direction artistique d'Incidence chorégraphique pour prendre celle du Ballet de l'Opéra national du Rhin à partir de septembre. La relève est assurée puisque et assureront sa succession à la tête de la compagnie.

Fondée presqu'incidemment il y a 15 ans par , sujet à l'Opéra de Paris, Incidence chorégraphique a vocation à sortir l'Opéra de ses murs et à donner la possibilité à des danseurs de cette institution de s'exprimer librement, en tant que danseurs ou chorégraphes. Outre lui-même, des danseurs comme , , , Sébastien Bertaud, , y ont présenté leurs premières chorégraphies.
La nomination de Bruno Bouché en tant que directeur du CCN/Ballet de l'Opéra national du Rhin tourne une page de l'histoire de la compagnie. Dans une interview à ResMusica en novembre 2016, Bruno Bouché avait déclaré qu'il quitterait la direction artistique d'Incidence chorégraphique, voulant se consacrer pleinement à ses nouvelles fonctions. C'est donc à l'issue de la représentation du programme Ombre et Lumière au Chesnay que Bruno Bouché a annoncé qu'il quittait la direction artistique de la compagnie et passait le flambeau à et , tous deux coryphées à l'Opéra de Paris.

Programme créé en novembre 2016 au Théâtre impérial de Compiègne, Ombre et Lumière nous donne la joie de retrouver sur scène. Outre deux pièces de Bruno Bouché au répertoire de la compagnie depuis 2010 et 2011, Bless – ainsi soit-il et Nous ne cesserons pas, Bruno Bouché présente deux nouvelles créations pour , Hors de lui, un trio avec et , et un solo, Une Voix dans la nuit. Une pièce d'Yvon Demol, Roméo et Juliette ou le drame de la jeunesse est également au programme.

Revoir la silhouette longiligne de l'étoile qui a quitté la scène de l'Opéra en 2013, ses lignes gracieuses et pures, est un plaisir renouvelé. Dans le solo que lui a chorégraphié Bruno Bouché, partage la scène avec la pianiste qui interprète une sonate de Baldassare Galuppi. Dans une longue robe blanche qui dessine les lignes sveltes d'un corps qui n'a pas pris une ride, elle imprime force et élégance à une chorégraphie qui met l'accent sur la simplicité et le dépouillement. Dans une ambiance plus intimiste que celle des lustres de l'Opéra et dans un style contemporain qui met en valeur ses longues jambes et son pied à la merveilleuse cambrure, Letestu allie naturel et classe. Elle se sert du piano comme d'un compagnon et tisse une véritable complicité avec la pianiste.

Les extraits de Roméo et Juliette chorégraphiés par Yvon Demol mettent en avant , danseuse talentueuse jusqu'à présent malheureuse aux concours de promotion de l'Opéra où elle n'a sans doute pas la place méritée. Cette danseuse plutôt introvertie y révèle sa sensualité et son plaisir d'être en scène. Isaac Lopez Gomes ressort parmi les quatre danseurs par la fluidité et la vivacité de sa danse. Néanmoins, le duo qu'il forme avec Michael Contat dans Bless – ainsi soit-Il reste un peu trop lisse et soigné. Michael Contat n'a pas la maturité et la puissance qu'un Aurélien Houette pouvait véhiculer dans cette lutte autant physique que spirituelle sur la chaconne en ré mineur de Bach.

La musique, qui donne son titre au programme puisque Liszt incarne la part d'ombre et Bach la part de lumière, est un élément essentiel du spectacle. Il faut saluer la prestation d', qui joue avec intensité et nuances l'éblouissante sonate en si mineur de Liszt, qui clôt le programme.

Reste à savoir dans quelle direction la compagnie va évoluer après le départ de son fondateur, sous la houlette d'Yvon Demol et de Jennifer Visocchi !

Photo : © Agathe Poupeney / Photo Scène

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