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L’émotion dans le sacré : l’Agitata de la contralto Delphine Galou

Le premier récital enregistré de la contralto est riche en affects, en intentions et en sensibilité. Autour d'un programme sacré composé de motets, de cantates et d'oratorios italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, la chanteuse fusionne avec l' et la direction vive et élégante du chef-claveciniste .

Dès les vents inconstants du célèbre air Agitata infido flatu du prêtre roux, première piste de ce nouveau disque, ce que l'on se dit en entendant la vigueur et l'impétuosité de ce chant, c'est que la voix velouté au timbre si particulier de a clairement « du chien ». C'est vrai que la voix de contralto est aussi belle que rare, mais se singularise aussi par une « patte », une touche indéfinissable qui lui est propre.

Ce serait par contre aller vite en besogne que de se limiter à cette première perception, tant la variété des affects spirituels proposés est foisonnante dans cette programmation. Preuve en est avec le deuxième air Prigionier che fa ritorno, cette fois-ci de , qui permet à la contralto de développer un phrasé sensible, des trilles et une diction dynamiques, soutenus par un orchestre séducteur. Pas d'errance ni de ballotement dans la tempête du premier extrait du motet de , In Procella sine stella, les vocalises sont brillamment accomplies avec une belle vélocité et une longueur de souffle remarquable. Bien rythmées, elles sont savoureuses toutes autant que flamboyantes dans l'Alleluia, alors que la délicatesse de l'artiste dépeint avec subtilité In tenebris horroris, troisième extrait de ce même motet agrémenté par le raffinement des sonorités orchestrales qui se déploie avec fougue et finesse dans une Sinfonia dalla Passione di Gesù Cristo Signor Nostro d', dont l'intégralité est inédite en enregistrement.

Après la profondeur presque mystique de l'orgue qui fait écho à celle de la chanteuse dans Et egressus est a filia son des Lamentazione per il mercoledi santo de Stradella, la rhétorique, chère à la musique baroque, jette un regard vers l'avenir grâce à la cantate Lumi dolenti lumi de dont l'alternance des airs et des récitatifs s'inscrit pleinement dans les codes de l'opéra, pour revenir vers le passé avec et son O spiritus angelici où les passages sont nettement moins définis.

Ce répertoire sacré est pleinement propice à l'épanouissement de la voix savoureuse et de la fervente musicalité de Delphine Galou. Un mélange équilibré qui permet de savourer ce nouveau disque encore et encore. Et encore.

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