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Ludovic Tézier et ses élèves en concert à Nancy

À côté de jeunes chanteurs au talent encore à confirmer, s'impose comme le plus grand baryton Verdi du moment.

L'originalité de ce beau concert proposé par l'Opéra national de Lorraine consistait en l'alternance de pièces du grand répertoire interprétées par le grand baryton français (lire notre entretien), et de morceaux confiés à de jeunes chanteurs encore en cours de formation. Chaque année, l'association « Nancy Opéra Passion » se donne en effet pour mission d'organiser pour des jeunes talents lyriques une masterclass et un concert destinés à leur donner l'opportunité de travailler et de se produire avec des professionnels confirmés. Le concert dont il est question ici est donc le fruit d'une sélection de jeunes chanteurs, ainsi que d'une semaine de travail pour les candidats retenus. Parmi ces derniers, se seront détachés le joli soprano léger de , agréable Lakmé et charmante Suzanne, ainsi que le mezzo pulpeux d', très à l'aise notamment dans la barcarolle des Contes d'Hoffmann. Les sopranos et , dotées de voix plus larges et plus vibrées, auront eu davantage de difficultés à souder les registres. Quant au ténor , il dispose de moyens impressionnants mais il lui faudra apprendre lui aussi à mieux discipliner son chant. À la tête de l', le chef se montre aux petits soins pour ces jeunes chanteurs, même si l'on aurait parfois souhaité une lecture plus dynamique et plus inspirée.

aborde sans doute la plus belle phase de sa carrière, et c'est peu de dire qu'il est actuellement au sommet de son art et de ses moyens. Sa voix a gardé toute la souplesse qui lui permet encore d'aborder les vocalises rageuses du comte Almaviva, et il a désormais la puissance nécessaire pour rendre justice aux grands rôles du répertoire verdien. Le pathos, la rage et l'indignation de Rigoletto lui vont ainsi comme un gant, de même que le mordant et les fureurs de Gérald, dans un « Nemico della patria » d'anthologie. On aime encore mieux les trésors de legato déployés dans la romance à l'étoile, pour ne rien dire des phrasés onctueux de l'air d'Athanaël de la Thaïs de Massenet : une prise de rôle qui semble s'imposer pour les années à venir ! Les deux morceaux donnés en bis, « Ah, per sempre io ti perdei » des Puritani et « Eri tu » du Ballo in maschera permettent à Tézier d'atteindre de nouveaux sommets. La disparition récente du regretté Dmitri Hvorostovsky, à la mémoire duquel ce beau concert était dédié, ne laisse planer aucun doute aujourd'hui sur le nom du plus grand baryton Verdi du moment.

Crédit photographique : © Elie Ruderman

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