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Kirill Karabits joue russe avec l’Orchestre national de France

Semaine compliquée à Paris pour les orchestres résidents avec l'annonce d'un problème d'oreille chez Franz-Welser Möst le forçant à annuler sa présence devant l'Orchestre de Paris, et la participation de Semyon Bychkov devant l' remise en cause quelques jours auparavant. Le premier a purement annulé le concert, le second a remplacé le chef expérimenté par le jeune , qui donne un beau son russe aux œuvres de Glanert, Chostakovitch et Rachmaninov.

La Maison de Radio France est, du moins à Paris, le seul endroit où l'on a réellement commémoré la Révolution de 1917. Après un week-end entier de récitals de piano autour de compositeurs russes, puis un grand concert de Neeme Järvi devant l'ONF, c'est au tour de d'emprunter la formation d'Emmanuel Krivine pour un soir et de diriger des ouvrages slaves ou inspirés par la Russie.

La première œuvre donnée est celle d'un Allemand, , présent dans le public pour l'occasion de cette reprise d'une pièce de 2005 pour grand orchestre d'environ vingt-cinq minutes, construite sur une structure proche de la Symphonie n° 9 de Chostakovitch, ouvrage justement programmé par Neeme Järvi deux semaines plus tôt devant la même formation. L'ambiance sombre rend hommage aux symphonies de guerre du passé et les climax du tutti trouvent une superbe concentration sous la battue de Karabits, là où l'orgue donne également de la voix, même quand l'orchestre s'interrompt.

Le temps d'un changement de plateau et le jeune violoncelliste s'installe à côté du chef pour le Concerto n° 1 opus 107 de Chostakovitch. Malheureusement et même si le résultat est différent, cette deuxième interprétation de la saison à Paris du concerto n'est pas plus convaincante que celle d'Edgar Moreau en septembre avec l'Orchestre de Paris. Là encore, le problème ne vient pas de l'accompagnement, attentif et dont la gestion des différentes atmosphères montre la culture du chef et l'adaptation de l'ensemble à cette musique russe, en plus de présenter un premier cor de grande qualité dans sa grande partie à l'Allegretto. Mais là où Moreau tentait Schumann, Hordnung tente Strauss dans la partition soliste et si les premières mesures sur la corde grave laissent espérer une raucité et une véritable aspérité dans cette partition totalement écrite pour Rostropovitch, les suivantes laissent plus que circonspect. Le Moderato et surtout la Cadenza sont mieux gérés, mais le son du violoncelle reste petit, sans pour autant paraître assez introverti pour véritablement intéresser. Le bis, le Prélude tiré de la Suite n° 1 BWV 1007 de Bach ne convainc pas plus, trop petit aussi dans la sonorité et avec trop de ruptures pour maintenir la pureté nécessaire dans cette œuvre.

Retour d'entracte et retour d'un en grande formation et globalement en grande forme. Les Danses Symphoniques de Rachmaninov écrites trois années avant la mort du compositeur pour Ormandy aux États-Unis sont jouées ici comme une véritable pièce russe, sans toutefois l'épaisseur d'un Svetlanov, mais plutôt dans la continuité d'un Kondrachine. L'ensemble présente une belle densité et il faut louer le saxophone, absolument magnifique, ainsi que la clarinette basse et le premier basson. On note cependant quelques décalages au Non allegro dans la petite harmonie, notamment la flûte, jamais en place pendant son duo avec le saxophone. L'Andante con moto semble ensuite quelque peu surfait par la recherche d'un surplus de lyrisme tandis le Lento Assai manque de démesure pour véritablement marquer l'auditeur après le dernier accord.

Beau concert tout de même, qui montre une fois de plus cette saison le haut niveau de l'.

Crédit photographique : © Ugo Ponte

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