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Avec Opera Fuoco, trois Berenice dans un seul disque

Le dilemme de Bérénice selon six plumes et trois voix : voici le choix de et de son dans cet enregistrement.

Intéressant, de la part de et de son ensemble sur instruments anciens , ce parti-pris d'explorer la scène de la folie de Bérénice (véritable tube au XVIIIe siècle !) à travers le prisme de différents compositeurs, dont certains retrouvent la lumière grâce à ce fil conducteur : , , , , Marianne von Martinez et . Mais cette proposition perd en évidence, lorsqu'on s'aperçoit qu'elle ne se compose pas toujours d'airs en lien avec Bérénice l'héroïne de l'Antigono de Métastase (Confusa, smarrita de , A Berenice de Mozart).

Promise au prince Antigone, la princesse d'Égypte Bérénice éprouve une passion inavouée envers le fils de son prétendant. Entre l'exil forcé de Démétrius, la guerre avec le roi d'Épire Alexandre, l'amour de la fille d'Antigone envers ce guerrier vengeur, car ancien amant éconduit de Bérénice, la trame de cette histoire ne manque pas de rebondissements et suscite un vaste monologue tragique et passionné où Bérénice se confronte au dilemme du devoir et de l'amour et, proche de la folie, laisse éclater sa douleur. Ces diverses adaptations du récit et de l'air Berenice, che fai ont naturellement amené la participation de trois générations de l'atelier lyrique d' : , Natalie Perez et Chantal Santon-Jeffery.

Le beau tempérament de tragédienne de défend, pour commencer, la célèbre version de Haydn, timbre profond et chant de caractère qui complète une nervosité orchestrale cohérente avec la Scena di Berenice. Son approche précise et attentive du texte, dans l'extrait composé par Hasse, est soutenue par des phrasés agréablement mesurés, une expressivité notable de son chant, autant dans les tenues que dans les silences.

La soprano confirmée Chantal Santon-Jeffery joue plutôt sur sa capacité dramatique dans l'extrait d'Antigono de Marianne von Martinez, l'aisance de ses aigus et un phrasé bien amené agrémente un tissu instrumental dont la fluidité du discours paraît un peu en-deçà. L'homogénéité de sa voix flamboie dans la scène A Berenice grâce à des vocalises mozartiennes lumineuses, alors que dans cet extrait également, les cordes, dont certaines sont trop présentes, manquent de clarté et de mordant, et que le continuo n'atteint pas toujours une réelle cohérence.

Dans la partition de Mazzoni, Non partir bell'idol moi, où les vocalises sont exigeantes par les forts contrastes demandés, l'agréable agilité de  complète un trio convaincant, la soprano mettant aussi en lumière la compositrice , mais surtout l'émoi profond de sa partition.

L'Opera Fuoco semble plus à propos dans les pistes instrumentales plutôt qu'en accompagnant les trois solistes : la Sinfonia de Hasse lui permettant de nombreux effets de contraste et de nuance. Dans l'ensemble, la direction de manque de spontanéité, de naturel, au profit d'une démarche implacable de maîtrise et de rigueur.

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