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Anime Amanti : une voix, un luth

Chez Alpha Classics, les enregistrements de musique ancienne se succèdent avec une qualité particulièrement appréciable. Les propositions toujours renouvelées sont riches de la forte empreinte des interprètes. Le dernier disque de la soprano et du luthiste ne fait pas figure d'exception.

Des âmes éprises, ou « Anime Amanti », tel est le fil conducteur de ce disque autour de monodies accompagnées du début du XVIIe siècle jusqu'aux airs de l'opéra vénitien de Monteverdi fondés sur les tourments amoureux à l'origine des grandes partitions du chant lyrique. Voici une parfaite thématique pour cette soprano à l'éclatante personnalité bravant tous les affects possibles et imaginables ! Reconnaissable entre mille, son timbre singulièrement savoureux ne se propage que pour porter au mieux une intensité dramatique exaltante. Que ce soit par le biais d'une prière rugueuse (« Folle è ben che si crede » de ), par celui de la folie et de l'ivresse retranscrites dans « Addio, Roma ! » extrait de L'Incoronazione di Poppea, ou par la souffrance d'Ariane dans un Lamento de Monteverdi, seul vestige retrouvé d'un opéra perdu, s'attache vigoureusement à la poésie déployée, permettant ainsi à la musique de s'épanouir à travers des figuralismes lourds d'intentions et de sens, ceux-ci semblant même chercher à dépasser les limites du chant entre sifflets et hoquets. En étant pourvu d'une déclamation italienne admirable de reliefs comme d'une incarnation pour chaque mot et chaque intention (« Lamento di Didone » de Sigismondo d'India), son art du récit est incontestable.

et son recueil de madrigaux emblématique publié en 1602, Le nuove musiche devient le fil rouge de cet enregistrement. Écrite par un excellent mélodiste, la « nouvelle musique » trouva en effet une expression immédiate des états d'âme amoureux que les deux musiciens dépeignent avec un talent déconcertant.

Ce parcours musical sensible offre l'occasion de découvrir de véritables petits bijoux de la Renaissance composés par (« L'Eraclito Amoroso »), Sigismondo d'India (« Voi ch'ascoltate in rime sparse », « Vorrei baciarti, o filli », « Ma che ? Squallido e oscuro »), (« Allemanda la villega », « La soave melodia », « Corrente ») ou encore Pietro Paolo Raimondo (« Ricercata »), s'autorisant même parmi les cinq morceaux pour luth, une toccata improvisée qui ne dépare aucunement le reste de la programmation.

L'excellence se renouvelle encore et toujours dans le monde de la musique ancienne. Avec cet enregistrement, et en sont la preuve.

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