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Daniel Harding et l’Orchestre de Paris dans Beethoven et Brahms

Un concert au programme éminemment classique, pour une interprétation qui ne l'est pas moins, où l' fait valoir avec éclat tous ses pupitres sous la direction volontaire et inspirée de . Tandis que le pianiste livre une interprétation à la pointe sèche du Concerto n° 3 de Beethoven.

Maria João Pires ayant décidé de mettre fin à ses apparitions sur scène, c'est finalement au pianiste qu'est échue cette exécution du célèbre Concerto pour piano n° 3 de Beethoven. Avouons d'emblée que cette interprétation froide, rigide, comme gravée à la pointe sèche, vaut surtout par la qualité de l'accompagnement orchestral, plus que par la lecture du pianiste dont on connaît, depuis un certain temps déjà, la propension au jeu dur. Une évolution qui se confirme dès le premier mouvement Allegro con brio où le jeu trop saccadé, martelé et brutal contraste avec l'amplitude sonore, le lyrisme et l'élan de l'orchestre mené d'une main attentive et complice par . Faute d'intérêt pour le piano, on se délecte des interventions superlatives de la petite harmonie. Le Largo central, comme une méditation douloureuse, peut-être teintée en filigrane du souvenir obsédant d'Heilingenstadt, est l'occasion, pour la flûte fervente de Vivens Prats d'un superbe solo chargé de  poésie, contrastant avec un piano un peu déliquescent qui peine à maintenir la ligne. Le Rondo final retrouve une fois encore un orchestre très engagé, encadrant un magnifique dialogue entre la clarinette de , le basson de Giorgio Mandolesi et le piano qui retrouve enfin quelques couleurs. En bis, un Intermezzo de Brahms, joué de façon bien insipide, ne rattrape pas l'affaire, mais fournit une transition plein d'à propos avec la deuxième partie de concert.

Après la pause la Symphonie n° 3 de Brahms confirme la belle tenue de l'orchestre et la pertinence de la direction de . C'est une lecture chargée de couleurs, de contrastes, aux transitions subtiles, aux attaques irréprochables de netteté, au phrasé souple, tantôt épique, tantôt méditatif, parfaitement équilibrée, nimbée d'une lumineuse clarté valorisant les contrechants. L'interprétation est juste dans le ton comme dans la note, conduite avec un souffle ténu, sans pathos excessif ni grandiloquence pompière, où orchestre et chef témoignent d'une belle complicité et d'un évident plaisir de jouer ensemble. Le grandiose portique de l'Allegro inaugural fait encore la part belle à la petite harmonie, l'Andante où se dégagent la clarinette pastorale et les cordes graves maintient parfaitement la tension dans un dialogue élégiaque entre vents et cordes. Et le célèbre Poco Allegretto voit se succéder dans l'expression du thème bien connu les violoncelles et le cor de Benoit de Barsony, avant un Allegro final conquérant et grandiose précédant une méditation conclusive toute brahmsienne.

Exceptionnellement, l'orchestre donne en bis Nimrod des Variations Enigma d'Elgar. Une belle façon de conclure ce beau concert de l', avant son départ en tournée en Espagne.

Crédit photographique : Daniel Harding © H. Hoffmann

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