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Ricciardo et Zoraide ouvrent le festival Rossini de Pesaro

Créé en 1818, il y a deux cents ans, Ricciardo e Zoraide est peut-être le moins réussi des opéras écrits par Rossini pour le Teatro San Carlo à Naples, mais cette nouvelle production de est un feu d'artifice de stars, avec un duel au plus haut niveau entre deux ténors,  et , et un outsider gagnant, .

Le rideau se lève sur une immense tente orientale bariolée qui occupe tout le fond de scène. Le roi nubien Agorante (affublé d'un boléro ridicule et de pantalons de cavalerie de la Guerre de Sécession aux États-Unis) a vaincu un roi du Moyen-Orient, Ircano, et kidnappé sa fille dont il est amoureux. Mais Zoraide est, elle, amoureuse du paladin chrétien Ricciardo. Ricciardo qui se déguise (strip-tease, hélas, en coulisse) en guide africain de l'ambassadeur chrétien, Ernesto (magnifique costumé en splendide évêque). Soudain méconnaissable grâce à un simple bandana noir sur les cheveux, Ricciardo parvient à gagner la confiance d'Agorante et à rencontrer Zoraide prisonnière… Mais la reine Zomira, épouse d'Agorante, veut conserver sa place sur le trône et souhaite la mort des deux jeunes amants.

L'électrisante présence de , et celle de deux autres ténors extraordinaires rend cette production particulièrement exaltante. Flórez chante avec une élégance plus lyrique que purement virtuose, avec des accents ciselés, élégiaques, et des aigus bien assurés et brillants. , qui avait fait impression l'année dernière en Néoclès dans le Siège de Corinthe, est un sévère Agorante, un peu rigide mais parfait, surtout dans son duo avec Ricciardo au deuxième acte. révèle toute l'ampleur et la variété de son soprano, surfant sur les aigus de la partition, dans un tourbillon de vocalises avec une diction parfaite. Elle atteint des hauteurs vertigineuses et utilise une vaste palette de couleurs avec une aisance et une limpidité impressionnantes. est un peu coincé dans un jeu scénique stéréotypé, mais la Zomira de confère à son personnage une cruauté théâtrale, et pourtant vraisemblable. Révélé dans le Voyage à Reims de l'Accademia rossignana il y a deux ans, captive les spectateurs dès ses premières notes. Avec une projection remarquable, de belles notes hautes et une assurance parfaite, il est la véritable révélation de ce spectacle.

Agréable à regarder, sans plus, la mise en scène de Pynkoski reste sagement loin du monde d'aujourd'hui et raconte clairement l'histoire, mais, hélas, sans beaucoup d'idées. Les jolis décors de Gerard Gauci évoquent ceux du théâtre du XIXe siècle, comme sortis de livres d'images pour écoliers. Les costumes de Michael Gianfrancesco transforment les choristes en figurines anachroniques les unes aux autres, dames en robes à la française brodées et messieurs vêtus de culottes serrées et gilets colorés, comme les costumes folkloriques du XVIIIe siècle. Des danseuses en tutus de couleurs pastel tournoient omniprésentes et inutiles et, avec la lune en toile de fond pendant le duo d'amour et le ciel étoilé du final, ajoutent une note hollywoodienne très fifties.

Le chef d'orchestre donne une lecture nuancée de la partition, avec un dialogue de l'excellent dans la fosse et en coulisses. Il a notamment trouvé une couleur tendre et presque affectueuse pour l'accompagnement des scènes intimes, du duo d'amour entre Ricciardo et Zoraide, avec un interminable baiser, prolongé par les applaudissements mutins des spectateurs.

Crédit photographique : © Studio Amati Bacciardi

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