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Superbes sonorités du Boston Symphony Orchestra dans Mahler

Après Cleveland et Los Angeles, chacun avec leur directeur musical respectif, le et son chef offrent en cette rentrée leur propre proposition de la Symphonie n°3 de , dans une acoustique de la Philharmonie de Paris maintenant mature pour permettre de bénéficier à plein des timbres et de l'énergie de l'orchestre.

En introduction de la Symphonie n°3 en ré mineur de , la première attaque des cors laisse présager deux choses. D'abord, Boston n'a rien perdu de sa grandeur et de sa spécificité après trois années avec  ; ensuite, la vision du chef sur l'œuvre n'est ni à rechercher dans le concrétisme des éléments de nature à l'origine de l'œuvre, ni dans la complétion d'une lecture philosophique rattachée au Zarathoustra de Nietzsche. Relativement désincarné pour mieux s'appuyer sur certaines parties de structure, le Kräftig utilise surtout les éléments graves des cordes comme la splendeur des cuivres, toujours réelle même lorsque certains s'affichent fatigués, à l'instar du second cor soliste ou du troisième trombone lors de certaines interventions. Le Tempo di Menuetto comme le Comodo se développe chacun à leur manière avec une certaines fluidité, sans doute trop extériorisée pour tout à fait marquer les esprits, sauf lors des magnifiques soli de cor de postillon de Thomas Rolfs, déporté et caché au premier balcon. Il sera remarquable également le lendemain dans la symphonie de Chostakovitch.

entre en scène pour le Misterioso et offre au texte allemand une superbe palette de grave, toujours chaud et jamais trop assombris, à l'image de la direction de Nelsons. Bien que mezzo, Graham démontre ici une véritable couleur d'alto, idéale pour développer la douceur de sa prestation. Lors de cette tournée, les différentes interprétations de cette symphonie ont utilisé les chœurs autochtones, c'est donc à la Maîtrise et aux femmes du que revient la tâche du Lustig, avec un coup de génie de la part de Nelsons dans l'arrondi de la main à la dernière note, afin de faire planer plus de cinq secondes l'écho de la dernière cloche chantée par les enfants.

Le Langsam final promettait beaucoup, tant il avait été marquant à Lucerne lorsque le chef letton avait rendu hommage à Claudio Abbado dans une salle en larmes du parterre au balcon. Mais à chaque occasion son message, et ce soir jamais Nelsons ne parvient à troubler. Il n'en est pas moins impressionnant dans sa manière de contrôler l'orchestre et de parfois rehausser quelques contrechamps sans jamais dénaturer l'ensemble, ou dans sa prise de risques dans les liaisons où il ne perd jamais l'orchestre, bien que le geste du bras gauche soit toujours plus d'un temps avant la note. Dans cette même salle, et son Los Angeles Philharmonic avait montré que la jeune génération sait aussi restituer la profondeur de telles partitions.

 Crédits photographiques : ©  Julien Mignot

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