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À Leipzig, Johann Sebastian Bach a son musée

Au cœur de Leipzig, ville de musiques, juste à côté de la fameuse église Saint Thomas où Bach fut Cantor pendant vingt-sept années et où se déroule aujourd'hui le festival qui lui est consacré, quoi de plus naturel que de trouver le premier musée au monde dédié au compositeur.

Situé dans l'école Saint-Thomas aujourd'hui détruite, le domicile du Cantor fut démoli en 1902. C'est donc en face du véritable lieu de résidence de que le musée fut créé en 1907, installé dans la maison de la famille Bose, des amis fortunés du musicien. Restauré de fond en comble, on est en droit de s'interroger sur l'authenticité du lieu même si le résultat est bien agréable à l'œil. Cette sensation perdure malheureusement sur la collection où la console d'orgue est véritablement le seul vestige de l'époque de Bach à Leipzig. Toutefois, force est de reconnaître que la scénographie de l'exposition est ludique et bien ficelée avec douze salles consacrées à sa vie et son œuvre, mais aussi à la vie de la ville à cette époque.

Fort d'un bon équilibre entre écoute et lecture, le parcours s'amorce avec l'arbre généalogique de la famille établi par Bach lui-même qui à cinquante ans, rédigea de courtes biographiques sur les cinquante-trois membres masculins de sa famille, pratiquement tous musiciens en qualité de Cantor, organistes, facteurs d'orgue, musiciens de ville ou de cour. L'orgue est évidemment rapidement à l'honneur avec la console d'orgue où Bach jouait (les tuyaux, le buffet et la partie technique ont quant à eux disparus), mais aussi par une scénographie à base de tuyaux sonores où des extraits de musique jaillissent à la demande. L'orchestre de Bach s'expose sur un « mur orchestre » paré de boutons pour écouter à l'envie chaque instrument individuellement, la scénographie des instruments anciens exposés en vitrine au centre de la salle étant plus classique.

Le reste de l'exposition se révèle particulièrement abouti avec une salle audio où toutes les œuvres du compositeur enregistrées sont à disposition, invitant ainsi le visiteur à des comparaisons intéressantes en termes d'interprétation. Puis, une salle où est mise en lumière l'influence déterminante des différentes cours princières sur les compositions de Bach, alors que se déploie ensuite un plan de la ville de 1723 sur l'ensemble du sol de la salle suivante − salle agrémentée des différentes activités de la ville de Leipzig qui reprennent vie sur différents écrans pour favoriser l'immersion du visiteur. L'authenticité se retrouve par petites touches avec un meuble original de ou bien les fragments du papier peint d'origine de la maison de la famille Bose.

Le parcours se termine par la salle du trésor où les plus belles pièces de la collection sont finalement présentées. Les manuscrits originaux de la main du musicien ou écrites souvent sous son égide sont changées régulièrement car très fragiles. Sources essentielles pour des indications dans les parties séparées parfois totalement absentes dans les autres partitions, même originales, ces manuscrits restent des pépites à préserver méticuleusement. Trois exemplaires du portrait du compositeur par Elias Gottlob Haussmann de 1848, dont deux copies exécutées au XIXe siècle, sont enfin exhibées pour que le visiteur joue avant de partir, au jeu des différences.

Crédits photographiques : Image de une © Bach Archiv ; Maison de la famille Bose © Jens Volz ; Console d'orgue © LTM GmbH/Dirk Brzoska

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